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Burkina/Santé : Des jeunes engagés pour la promotion de la vaccination

mardi 7 mai 2024, par Jack

Du 24 au 30 avril 2024 a été célébrée la semaine africaine de la vaccination. L’occasion une fois de plus, pour l’OMS d’attirer l’attention des pays sur la nécessité de promouvoir la vaccination. Cette journée a aussi été mise à profit pour célébrer les 50 ans du Programme élargi de vaccination. Au Burkina Faso, l’association Actions des jeunes contre la résistance aux antimicrobiens (AJRAM)a célébré cette journée par des sensibilisations au sein des établissements scolaires sur l’intérêt de la vaccination. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, Dr Yascine Zanga, médecin généraliste et coordonnateur du Programme des causeries éducatives de Actions des jeunes contre la résistance aux antimicrobiens, revient entre autres sur l’importance de la vaccination, les acquis du PEV et les actions menées par l’AJRAM.

Lefaso.net : Du 24 au 30 avril a été célébrée la semaine africaine de la vaccination. Quel est l’objectif visé par cette célébration ? Quel était le thème de la semaine ?

Dr Yascine Zanga : Cette année la semaine africaine de la vaccination se tient sous le thème « C’est humainement possible ». Cette semaine vise à rappeler aux dirigeants et aux populations qu’il est vital de préserver les résultats engrangés et d’intensifier le financement en faveur de la vaccination afin d’éviter la résurgence de certaines maladies évitables. En outre, cette semaine constitue une aubaine pour engager des actions en vue de changer le discours sur la méfiance à l’égard des vaccins et sensibiliser les populations sur l’efficacité et le rôle important des vaccins pour leur santé.

Cette semaine est une occasion également de célébrer les 50 ans du Programme élargi de vaccination. Quelles sont les acquis du PEV, notamment au Burkina Faso ?

Cette année, l’OMS avec ses partenaires (UNICEF, Alliance Gavi) a décidé de mettre l’accent sur la commémoration des 50 années d’existence du Programme élargi de vaccination (PEV).

Le PEV a été une initiative salutaire parce que ce programme a permis de réduire de près de 80% le taux de mortalité infantile. Ce qui a permis de sauver 14 millions d’enfants. Au Burkina Faso, le Programme élargi de vaccination a fait ses preuves, parce que dans le temps, nous avions des pathologies comme la poliomyélite qui ont été presqu’éradiqué grâce au PEV. Le PEV n’est pas figé, c’est quelque chose qu’on réadapte en fonction des réalités du pays. La preuve en est que cette année, le nouveau vaccin contre le paludisme a été introduit dans le PEV.

Quelles sont les pathologies prises en charge par le PEV au Burkina ?

Il prend en compte la poliomyélite, l’hépatite B, la méningite, la diphtérie, la coqueluche, la rougeole, la rubéole, le paludisme et bien d’autres.

A votre avis, pourquoi le Burkina Faso n’arrive pas à atteindre un taux de couverture vaccinale des enfants à 100% ?

Il faut dire que les difficultés sur le terrain sont réelles. Des efforts sont faits et des efforts restent à faire. Parmi les difficultés, on a le regard des populations sur les vaccins. Il y a souvent eu des rumeurs tendant à parler mal de la vaccination. Certains n’hésitent pas à dire que les vaccins donnent des maladies, que la vaccination va créer des problèmes aux enfants, d’autres même vont jusqu’à dire que ça tue. Donc à tort ou à raison, les gens ont des arguments pour justifier leur rejet de la vaccination. Dernièrement, on l’a vécu avec la Covid-19.

Que fait votre association pour promouvoir la vaccination ?

Quand vous prenez les maladies, on peut les classer dans deux grands groupes : les maladies infectieuses et les maladies non infectieuses. Lorsqu’on parle de maladies infectieuses, on peut les prévenir de deux façons. La première, c’est l’hygiène, corporelle, buccale, de l’environnement. Et le deuxième volet qui permet de prévenir les infections, c’est la vaccination.

La vaccination est une méthode qui a fait ses preuves et a permis de sauver beaucoup de vies. A l’occasion de la semaine africaine de la vaccination, notre association avec ses partenaires (NIYEL, Association africaine de lutte contre la résistance aux antimicrobiens), a organisé une série d’activités en vue de mobiliser l’ensemble des acteurs pour assurer une couverture vaccinale universelle.

Ainsi, une campagne digitale a été menée avec des messages clés de plusieurs acteurs et personnalités. En outre, des causeries éducatives à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso ont été organisées dans les établissements scolaires afin d’engager les jeunes et adolescents dans cette dynamique de la promotion de la couverture vaccinale universelle. L’objectif visé par l’ensemble de ces activités est de mobiliser les acteurs pour assurer une couverture vaccinale universelle car elle est humainement possible.

La vaccination est un moyen efficace de prévention des pathologies. Il est important de noter qu’il y a un certain nombre de pathologies pour lesquelles il n’y a pas de médicaments, mais dont on peut se prémunir à travers la vaccination. Nous avons par exemple la rage. La rage déclarée est toujours mortelle, alors qu’il y a un vaccin très efficace contre la rage. D’où l’essence de notre engagement pour la couverture vaccinale universelle.

Quel a été votre message à l’endroit des politiques, des décideurs pour cette semaine africaine de la vaccination ?

En ce qui concerne les politiques, il faut dire que pour cette semaine, nous n’avons pas eu de rencontre avec les politiques, mais à travers nos interventions nous avons pu faire passer des messages à leur endroit. En effet, par le biais de personnes influentes, telles que des autorités, des leaders communautaires, des universitaires, des cadres d’institutions nous avons partagé sur nos canaux de communication des fortes recommandations qui pourraient substantiellement concourir à l’atteinte de la couverture vaccinale universelle. Il s’agit du renforcement des systèmes de santé, du financement conséquent des campagnes de vaccination et de l’implication active des politiques dans la communication pour le changement.

Votre cible pour la sensibilisation sur la vaccination semble être les jeunes, pourquoi ce choix ?

L’atteinte de la couverture vaccinale universelle requiert une implication multisectorielle plus particulièrement une implication de la jeunesse qui constitue une partie importante de la population mondiale et est active dans la diffusion d’informations. Les jeunes sont les futurs professionnels de la santé, chercheurs, décideurs et parents.

Leur engagement précoce dans des discussions sur des questions essentielles telles que la vaccination les prépare à faire face à des défis de santé publique de demain. Lorsqu’un jeune est sensibilisé, il est un relais non seulement auprès de ses parents, mais aussi auprès de son entourage, de son quartier et même auprès de ses camarades qui n’ont pas bénéficié de cette information.

C’est pour cela que nous mettons essentiellement l’accent sur les jeunes. Nous savons que ce sont les parents de demain et avec le programme élargi de vaccination qui concerne principalement les enfants de 0 à 5 ans, ces mêmes jeunes lorsqu’ils auront des enfants, s’ils sont sensibilisés et convaincus de l’importance de la vaccination, ils vont veiller à ce que leurs enfants puissent bénéficier de la vaccination. Ce qui va permettre de protéger ces enfants et aussi l’entourage.

Nous sommes au terme de l’entretien, un dernier mot ?

Je vous remercie pour cette tribune qui m’a été offerte. Mon dernier mot est à l’endroit de la jeunesse burkinabè, nous sommes l’avenir de notre pays. L’implication sur les questions cruciales et les enjeux du moment est un impératif pour chaque jeune. A travers AJRAM, nous offrons l’opportunité à la jeunesse de s’engager pour l’amélioration de la qualité de vie et la santé des populations. Soyons des ambassadeurs de la couverture vaccinale universelle et rendons cela humainement possible !

Propos recueilli par Justine Bonkoungou
Lefaso.net

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