SOUSTITRE
dimanche 12 mai 2019, par Jack
Photographe de renom depuis près de dix ans, Batien Nignan s’est fait un nom dans son domaine d’activité. Il a commencé la photographie alors qu’il était toujours étudiant. C’est ainsi qu’il fut affectueusement surnommé « Pasteur photo » par ses amis. Plus tard, il abandonne ses études en Sciences juridiques et politiques (SJP) pour se consacrer totalement à ce métier, parce que voyant beaucoup plus son avenir dans l’entrepreneuriat plutôt que dans les études. En 2015, il formalise son travail avec la création de « Studio Pasteur photo », un studio longeant le mur de l’Université Joseph-Ki-Zerbo. Du haut de ses 33 ans, ce jeune entrepreneur, marié et père d’un enfant, ambitionne de passer par la photographie pour réaliser de grands projets. Découvrez-le dans ce portrait.
Comme l’on aime à le dire, « l’homme propose et Dieu dispose ». Et ce n’est pas Batien Nignan, ce jeune entrepreneur dans la photographie, appelé affectueusement « Pasteur photo », qui dira le contraire. « Car, dit-il, n’ayant jamais eu de contact avec la photographie ni un membre de ma famille dans ce domaine, rien ne me prédestinait un jour à ce métier surtout dans nos contrées où ce n’est pas un métier prisé ». Mais les situations de la vie vont le projeter dans ce métier, une occasion qu’il va saisir, parce que, selon lui, il n’avait jamais considéré les études comme un moyen de réussite mais plutôt comme un moyen pour acquérir le savoir afin de s’affranchir.
Et son histoire avec la photographie commença un jour de septembre 2006 à l’Université de Ouagadougou (aujourd’hui Université Joseph-Ki-Zerbo) où il fera la rencontre d’un étudiant photographe, appelé en son temps « Kiko photo », à l’occasion de sa première inscription universitaire. C’est d’ailleurs celui-ci qui deviendra plus tard son tuteur et son patron. « Un homme au grand cœur », dit-il. Arrivé à l’université à l’âge de 20 ans, il sera très tôt confronté aux difficultés de la vie dans la capitale. En effet, croyant que l’obtention du baccalauréat lui donnait directement droit au FONER (Fonds national pour l’éducation et la recherche) et à la cité universitaire, il fut déçu, dès son arrivée à Ouagadougou, de constater qu’il fallait d’abord entreprendre des démarches administratives avant de bénéficier de ces œuvres universitaires.
Ainsi, sans tuteur ni local pour dormir, le nouveau bachelier bénéficiera de l’hospitalité de « Kiko photo » qui accepta de lui ouvrir les portes de sa chambre, tout en l’aidant à faire toutes les démarches administratives pour bénéficier du FONER et de la cité universitaire. Et c’est auprès de lui qu’il apprendra la photographie pendant ses temps libres. Très vite, la passion pour ce métier naîtra chez le jeune Batien Nignan. Une passion qui ne le quittera plus. Après le départ de Kiko photo, il décida de suspendre ses études pour se consacrer totalement à la photographie.
Abandonner ses études pour entreprendre, un choix difficile à faire
Abandonner ses études de droit qui, sans doute, ouvrent les portes aux métiers les plus fructueux de l’administration burkinabè pour s’adonner à la photographie qui ne nourrit pas toujours son homme, n’est pas un choix facile à faire, a reconnu l’ancien étudiant. Mais Batien Nignan l’a fait et il ne le regrette pas. Il ajoute même que si c’était à refaire, il le ferait sans hésiter, parce qu’il gagne bien sa vie et il a des employés à sa charge. « Aujourd’hui, je n’ai rien à envier à un fonctionnaire de l’État s’il ne s’en tient qu’à son salaire (…) Je ne vois pas un poste où l’on peut gagner mieux que moi à part les postes de nomination », a-t-il affirmé avec fierté, tout en soulignant que sa recette journalière minimale est de 15 000 F CFA.
Ce montant peut souvent aller jusqu’à 300 000 francs, voire plus. « Et si l’on part sur cette base, je ne pense pas qu’il y a lieu d’envier un fonctionnaire de l’État ». Et l’autre avantage dans l’entreprenariat se trouve au niveau de l’âge de la retraite. En effet, pense Batien Nignan, un fonctionnaire part à la retraite à 60 ans ; or pour l’entrepreneur, c’est à cet âge qu’il devient plus prolifique.
La photographie, un tremplin pour accéder au monde des affaires
La photographie est un métier qui, à lui seul, nourrit difficilement son homme au Burkina Faso, a reconnu Batien Nignan. Toutefois, si un photographe veut vivre de ce métier, il faut qu’il l’associe à d’autres services, c’est-à-dire être un photographe qui a l’esprit d’entrepreneuriat, a-t-il ajouté. Ayant compris cela, Pasteur photo ne se définit pas comme un simple photographe mais comme un homme d’affaires, parce qu’il fait de la photographie, une affaire.
Et la photographie, pour lui, est comme un tremplin pour accéder au monde des affaires. C’est pourquoi, en plus des photos, il associe d’autres services comme la vidéo, les films documentaires, etc. En outre, il s’investit dans l’immobilier ; sa première maison est déjà disponible chez lui à Léo, dans la Sissili. Pasteur photo a beaucoup d’autres projets en vue. Et les défis actuels à relever, dit-il, c’est de faire passer sa structure du statut d’entreprise individuelle à celui d’entreprise à responsabilité limitée, et d’avoir un personnel permanent.
Yvette Zongo
Lefaso.net