La passion, le devoir sociétal et l’argent sont autant de raisons qui poussent plusieurs étudiants à mener des activités extra scolaires. Outre la coiffure, le commerce et les vente ambulante de produits, certains étudiants se sont lancés dans le domaine de la livraison, de la confection et la vente des tissus.
Il est 6h moins le quart ce mercredi 22 février lorsque nous partions à la rencontre de Alphonse Sawadogo, étudiant en marketing à l’Institut universitaire de technologie de l’université Norbert Zongo de Koudougou. De taille moyenne et de teint noir, ce jeune étudiant de 23 ans, avec un panier derrière sa moto, partait livrer du pain chaud à ses clients.
« Je suis livreur depuis deux ans maintenant. J’ai signé un contrat avec deux boulangeries et chaque matin, je vais chercher le pain pour aller le donner aux clients », explique-t-il.
Selon lui, ce travail demande beaucoup de sacrifices car on ne peut pas bien se reposer. « Je sors tous les jours à partir de 1h du matin pour prendre le pain. Je livre à Koudougou et vers 3h, je bouge pour Réo. Le soir à partir de 18h, je retourne vers les clients pour récupérer l’argent et je ne rentre à la maison que vers 23h30 », confie-t-il.
Le métier de livreur comporte des difficultés que notre interlocuteur nous cite le visage un peu fermé. « Des camarades se moquaient de moi au départ. En plus, j’ai souvent peur de sortir à 1h du matin à cause de l’insécurité. Sans compter les multiples pannes de moto » a-t-il déploré. Toujours au titre des difficultés, Alphonse relève le manque de temps pour lire ses cours : « je ne suis libre qu’à partir de 10h. Quand je reviens de Réo, j’arrive tout fatigué et si je pars à l’école, je n’arrive pas à bien suivre. Malgré tout, j’arrive à valider tant bien que mal mes années académiques, à me prendre en charge et à subvenir aux besoins de ma mère basée à Bobo ».
Comme Alphonse Sawadogo, Charlotte Nana et Milka Guissou, toutes deux étudiantes à l’IUT se sont lancées dans de petites activités afin d’aider leurs parents. Leur spécialité, la confection et la vente du pagne koko dunda. « Nous sommes entrées dans le marché des pagnes koko dunda en 2020 en tant que revendeuses. C’est en 2022 que nous avons pris l’initiative de confectionner nos propres pagnes et nous avons suivi des formations à cet effet », ont-elles confié.
Le manque de fonds pour commander le tissu en grande quantité constitue leur plus grande difficulté. A les entendre, « le programme des cours est tel que nous sommes souvent obligées de confectionner les pagnes la nuit pour pouvoir respecter les délais de nos clients ».
Elles se réjouissent car « la plupart de nos camarades achètent nos pagnes et nous recommandent à d’autres personnes. Notre fournisseur est compréhensif, il nous permet de retourner les tissus qui ne prennent pas la teinture ». Même si les revenus ne sont pas très satisfaisants, ces étudiantes arrivent quand même à couvrir leurs petits besoins.
Nombreux sont les étudiants qui mènent des activités pour subvenir à leurs besoins tout en apprenant un métier. Ils invitent leurs camarades à toujours se focaliser sur leurs objectifs et ne jamais abandonner malgré les difficultés car selon eux « ce n’est qu’une question de temps ».