mardi 15 octobre 2024, par Jack
Avec 30 000 abonnés sur le réseau social TikTok, Laurine Hien Sanou est une créatrice, de contenus originaux et naturels. Elle partage avec ses followers, sa passion pour la bonne gastronomie de façon authentique. Mais au delà de cette présence sur la toile, la jeune dame fait de la restauration, plus précisément de la cuisine asiatique.
Laurine Hien Sanou alias “Laurine a dit” sur les réseaux sociaux est une femme aux multiples facettes et talents. Avec des vidéos, elle met en scène ses passages dans certains lieux de grillades et de charcuterie de la capitale ; ce qui suscite un vif intérêt pour ses abonnés sur TikTok. « J’ai toujours été présente sur les réseaux, et naturellement, quand TikTok est arrivé, j’ai testé. Je me suis amusée un peu, et j’ai fait une vidéo que j’ai partagé. Puis, les gens ont eu l’air d’aimer, donc ça m’a motivé aussi, et j’ai continué. De nature, je suis une bonne vivante, j’adore manger, j’aime bien découvrir les “bons plans” et ma création de contenus est partie de là », fait savoir cette épouse et mère de famille, précisant que c’est en fonction de son coup de cœur que se font ses contenus. « J’avoue que beaucoup de gens pensent que je suis payée pour cela », lance-t-elle, un rire moqueur. En général, après ses prises de vue, elle met un à deux jours pour finir un montage et intégrer la voix-off. C’est en fonction de ses différentes occupations, qu’elle trouve du temps pour alimenter son compte.
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Le double visage des réseaux sociaux
Laurine se décrit comme quelqu’un d’assez libre dans sa tête. « Je fais les choses selon ma volonté. Je ne me laisse pas vraiment atteindre par les méchants commentaires ou les choses comme ça. Ça peut me blesser, oui, mais vite fait je passe à autre chose », fait-elle savoir, évoquant certaines réactions négatives sur ses publications. « Je sais que sur internet, il y a de tout. Donc, oui, il y a les commentaires comme : "mangez un peu chez vous, cuisinez un jour". Mais ça me fait toujours rigoler. Ce qui me fait plaisir, c’est que même quand je ne réponds pas, j’ai toujours quelqu’un qui va venir en commentaire dire que c’est à une restauratrice que tu parles. Ce n’est pas parce qu’elle fait des bons plans que c’est sa vie », ajoute Laurine qui insiste sur le fait que l’on montre ce que l’on veut sur les réseaux sociaux. Mais pour elle, être présent sur les réseaux sociaux, c’est aussi accepter tout les commentaires. « Que ce soit pour la vie d’épouse, de mère ou de restauratrice, on jongle comme on peut », indique-t-elle. Malgré sa présence modeste sur TikTok, Laurine commence à réaliser l’impact. « J’ai de plus en plus de personnes qui me disent qu’ils m’ont découverte sur TikTok, et c’est vraiment gratifiant. Cela montre que ce que je fais plaît et que les gens sont intéressés par ce que je propose. » Elle réfléchit également à l’opportunité de collaborer avec des marques ou des restaurants, bien qu’elle veuille garder son indépendance et sa sincérité dans ses avis.
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Du management d’entreprise à la gastronomie asiatique
Parallèlement à sa présence sur TikTok, Laurine est également entrepreneure dans un domaine peu développé au Burkina Faso : la cuisine asiatique, plus précisément celle du Japon. Pourtant, le profil académique de Laurine n’a rien à voir avec ses activités actuelles. Elle est titulaire d’une licence en marketing et d’un master en management et stratégie d’entreprises, obtenus après huit années passées au Maroc. Après ses études au Royaume chérifien, Laurine aurait pu choisir une carrière classique dans son domaine d’étude mais ses passions l’emportent. Son intérêt pour la cuisine japonaise s’est développé progressivement, grâce à des recherches en ligne et à des heures passées à regarder des tutoriels sur YouTube. Laurine s’est formée elle-même, apprenant les techniques culinaires complexes qui font la réputation des sushis, des ramens et d’autres plats emblématiques. « Je n’ai jamais suivi de cours formels de cuisine. On va dire que j’ai appris sur le tas. J’ai testé, j’ai regardé, je suis allée voir des vidéos de professionnels, faire des recherches, j’ai rencontré des difficultés, j’ai cherché comment les résoudre, et puis j’ai trouvé que c’était des recettes acceptables à proposer. Tout ceci après avoir fait goûter à mon premier testeur qui est mon mari, puis à quelques amis qui ont trouvé que c’était bon par rapport à ce qu’ils ont déjà goûté ailleurs et que c’était complètement vendable », raconte-t-elle avec le sourire. Néanmoins, Laurine reconnaît la complexité de la cuisine asiatique qui est très différente de celle burkinabè. Elle adapte alors ses recettes aux goûts de ses clients. « Par exemple, je fais moins d’aliments crus et plus de produits cuits. Etant donné que nous n’avons pas la mer, quand les gens entendent poisson cru, ils se disent : ah oui, c’est dangereux parce qu’on ne sait pas si ça a été bien conservé. Donc je fais très attention à mes produits. Mais psychologiquement, comme il y a un petit blocage, je m’appuie plus sur les produits cuits pour essayer de faciliter la transition », explique cette cuisinière qui essaie de s’adapter à la demande.
Elle rêve de pouvoir proposer des plats sur place à ses clients, mais pour le moment, elle se contente de deux jours de vente en ligne dans la semaine. « Les commandes ne sont pas encore assidues mais ça va tout doucement. Mon rêve, comme toute passionnée de cuisine, c’est d’ouvrir son restaurant », dit-elle avec un éclair de détermination dans le regard.
Selon elle, au Burkina Faso, les gens sont beaucoup plus friands de gastronomie européenne ou américaine. La culture asiatique n’est pas vraiment dans les habitudes, sauf dans celles de ceux qui ont pu se rendre là-bas. « Mais Je pense qu’il y a de l’avenir pour la cuisine asiatique parce que déjà, depuis que j’en fais, je crois que j’ai vu trois ou quatre personnes qui se sont lancées dedans, donc ça fait plaisir. Je ne dis pas forcément que ces personnes se sont inspirées de moi, mais je me dis quand même que ça veut dire qu’il y a du monde qui est intéressé. S’il y a plus de gens qui le font, c’est qu’il y a un marché pour ça. Donc je me dis que ça va aller. En fait, plus les gens vont découvrir, plus ils vont vraiment aimer », espère la jeune dame.
Dans la vie courante, Laurine Hien Sanou cite son mari comme sa première source d’inspiration car il représente aussi bien son goûteur et son critique sur ses recettes : « Il m’aide à savoir qu’est-ce qui manque, qu’est-ce qui pourrait être ajouté et il me donne des idées ». Du côté des réseaux sociaux, d’autres créateurs de contenus comme la Wagalaise, l’inspirent à travers leurs publications.
Farida Thiombiano
Lefaso.net