vendredi 11 octobre 2024, par Jack
Au Burkina Faso, la jeunesse fait de plus en plus preuve de dynamisme au sein des associations et organisations de la société civile. Les résolutions 2250, 2419 et 2535 promeuvent la participation des jeunes à la consolidation de la paix et sa prévention et la co-construction d’une paix inclusive et durable. Elles encouragent la protection des jeunes contre les effets néfastes des conflits, et la transformation positive des conflits. Malgré ces mesures, les jeunes appellent à plus d’efforts pour leur pleine participation.
Aminata Daba, chargée de projet à Beog-Neere : « Je dirai que la jeunesse occupe une faible place. Nous pouvons dire qu’avec la venue du président Ibrahim, on a vu certains changements. Sinon auparavant, les jeunes étaient vraiment mis à l’écart sur certaines gestions. Je me dis qu’avec la venue de Ibrahim Traoré, ça va quand même promouvoir la jeunesse et maintenant c’est aux institutions qui s’occupent de la question de la jeunesse de s’activer pour que ça puisse marcher. Ce que nous voulons pour le Burkina, c’est que ce soit la jeunesse qui puisse gérer dorénavant. Pas des années à venir, parce qu’on voit que la jeunesse est la plus nombreuse et on a des idées qu’on n’arrive pas à mettre en place parce qu’on est mis à l’écart. Du coup, je dis que si on donne la chance à la jeunesse de s’exprimer, nous allons changer les choses au Burkina. »
Patricia WendbebWango, assistante de projet au Groupe de recherche action sur la sécurité humaine (GRASH) : « Je pense que j’ai un avis un peu partagé parce que d’un côté, pour ce qui concerne les instances de prises de décisions, les jeunes cherchent à s’impliquer, mais sur le terrain, on se rend compte que l’implication n’est pas effective. Donc quand on regarde les postes de décisions, il n’y a pas assez de jeunes et je pense qu’il faudrait que les jeunes s’impliquent davantage dans les instances de prises de décisions. Je ne sais pas si c’est dû à une question d’implication personnelle ou à des contraintes liées à la politique, mais l’implication n’est pas assez conséquente. »
Somaïla Zella, juriste de formation, membre de l’Association des jeunes sympathisants de Korabè (région de la Boucle du Mouhoun) : « Pour moi, il faut vraiment l’implication des jeunes dans les différentes structures parce que de nos jours, les jeunes constituent le socle de la société. Donc leur implication dans ces structures peut apporter un plus dans la gestion des choses, dans la manière de voir des choses. Je pense qu’actuellement, les jeunes ont un certain niveau intellectuel, ils font beaucoup de recherches, et ils peuvent apporter beaucoup à la société ou bien dans la gestion d’une structure où d’un gouvernement et autres. De nos jours, on voit que les jeunes sont un peu écartés. D’aucuns diront qu’ils ne sont pas mûrs d’esprit ou bien ce ne sont pas des intellectuels, alors que loin de là. Même un jeune de 18 ans peut apporter quelque chose de vraiment plus conséquent par rapport à un adulte dans la quarantaine. »
Wendsamdé Alice Nana, présidente du genre et du leadership féminin et membre du pool des jeunes acteurs de paix : « Au Burkina, je peux dire que des efforts sont faits, mais il y a encore du travail à faire. Les jeunes sont impliqués mais avec la crise multidimensionnelle que nous connaissons, nous avons vite compris que l’apport de tous est requis pour qu’on puisse sortir de cette situation. Donc, les jeunes sont impliqués mais il y a des efforts qui reste à faire parce qu’il y a toujours des instances où il n’y a pas de jeunes. Ces jeunes ne sont pas toujours partout, et là où ils sont leurs paroles ne font pas le poids. »
Souleymane Nana, médecin généraliste et membre des clubs des jeunes de lutte contre la drogue et des grossesses non désirées : « Vu le poids de la jeunesse et la place à laquelle elle arrive à accéder au niveau de nos institutions, je trouve qu’il y a un déphasage et vu le dernier recensement de la population, qui structure la tranche jeune au-delà de 77% de la population et si on prend notre gouvernement actuel, on n’a même pas un jeune de moins de 35 ans. Ce qui veut dire que parmi les 77% de la population, il n’y a même pas une seule personne pour représenter la jeunesse. Ça, c’est déjà significatif et la jeunesse est très faiblement représentée, et il faut encore redoubler d’efforts pour que la jeunesse puisse être représentée, pas forcément proportionnelle au volume, en terme de nombre qu’elle occupe mais il faut qu’il y ait une représentativité qui soit valable au niveau des institutions pour promouvoir les problématiques jeunes. C’est vrai que les vieux qui y sont ont été jeunes mais les problématiques ne sont pas les mêmes. Leur jeunesse et les problèmes qu’ils ont rencontrés et les problèmes que la jeunesse rencontre actuellement ne sont pas forcément les mêmes. Donc les jeunes sont les mieux placés pour soulever leurs problématiques et proposer des solutions pour les résoudre. Je pense qu’on gagnerait mieux à promouvoir la jeunesse aujourd’hui. »
Propos recueillis par Cryspin Laoundiki
Némata Roamba (stagiaire)
Lefaso.net