Orokia Billa a décidé de perpétuer le business de vente de babenda de sa maman avec qui elle a appris la recette. Plat local du Burkina Faso, l’histoire du babenda remonte pourtant aux périodes de soudure dans certaines sociétés où les femmes mélangeaient les feuilles aux céréales pour la cuisine. Aujourd’hui, au contraire, ce repas tend à devenir celui des personnes aisées.

Orokia Billa fait la vente en gros et en détail du babenda. Selon elle, c’est l’un des mets locaux les plus demandés dans les cérémonies festives. « De nos jours, lorsque tu n’intègres pas le babenda dans le menu de ta cérémonie, les gens en réclament. Il arrive que le client en commande pour une quantité d’une centaine de personnes ou plus mais ça ne suffit jamais », a-t-elle souligné.

La préparation de ce mets local demande beaucoup de rigueur et de patience. Avant l’étape de la cuisson, il y a un gros travail qui se fait. « C’est très tôt le matin que l’on achète les feuilles. Ensuite, nous les arrangeons et nous les désinfectons. Quand la quantité est énorme, cette étape peut prendre toute une journée avant de faire passer les ingrédients au feu » explique Orokia Billa. Pour l’aider dans ce travail à la chaîne, elle mobilise toute sa fratrie. Ayant des difficultés à trouver un personnel qui partage sa passion, la jeune dame qui est l’aînée de la famille a coopté ses frères et sœurs pour la réalisation du "chic babenda".

"Les réseaux sociaux constituent la base de mon commerce"

La communication digitale permet à Orokia Billa de vendre plus facilement ses plats. « Les réseaux sociaux constituent la base de mon commerce. C’est à travers les réseaux sociaux que je me suis fait connaître et que j’arrive à bien vendre mon babenda », affirme la jeune entrepreneure.

Ayant des jours fixes de préparation de son « chic babenda », elle ouvre une liste de commandes sur ses différents réseaux sociaux comme WhatsApp, Facebook et maintenant Tiktok. Ce mini sondage qu’elle fait deux ou trois jours avant lui permet de se préparer d’estimer la quantité à préparer. Selon elle, les réseaux sociaux lui permettent de mieux vendre. Il arrive des fois où elle est submergée de commandes. Grace aux réseaux sociaux, elle reçoit des commandes d’autres villes du Burkina et même de l’extérieur du pays. « Le chic babenda prend l’avion alors que ses producteurs ne l’ont jamais pris », plaisante-t-elle. En dehors des clients fidèles, de nombreuses personnes se laissent tenter à travers une photo où une vidéo postée puis ils appellent immédiatement pour lancer une commande. Les rares moments où elle rencontre des difficultés à écouler sa production c’est lorsque la connexion n’est pas bonne ou que les applications buggent.

Même si elle est spécialisée en babenda, Orokia Billa fait également d’autres mets locaux comme le tô à la sauce feuille. Elle souhaite un jour ouvrir un cadre où ses clients pourront confortablement déguster son « chic babenda ». En attendant ce jour, Orokia Billa et ses frères entendent continuer à faire de façon professionnelle la promotion de ce repas au Burkina Faso et hors de nos frontières.

Farida Thiombiano