Né en Côte d’Ivoire où il a fait ses études primaires avant de revenir dans son pays le Burkina Faso, Augustin Sandwidi alias "Plume Céleste" est un jeune artiste slameur. C’est en 2020 que cet étudiant en communication et journalisme entame sa carrière musicale avec un single, même s’il écrivait déjà des textes auparavant. Faisant référence à des textes divins à travers son nom d’artiste "Plume Céleste", il se représente comme un stylo guidé par la nature et par Dieu. Il a été sélectionné dans le top 10 des africains retenus à la coupe du monde de slam poésie 2023 au Brésil. Plume Céleste nous en dit plus dans cet entretien qu’il nous a accordé chez lui.
Lefaso.net : Comment êtes-vous entrés dans l’univers de la musique et plus précisément du slam ?
Plume Céleste : Au collège, j’avais des aînés qui faisaient du slam. J’aimais bien ce qu’ils faisaient même si je ne savais pas concrètement ce que c’était. De nature j’aime tout ce qui concerne l’oralité. Je connaissais déjà le théâtre, la danse, la poésie. Et j’ai vu que le slam était un art qui se pose au centre de toutes ces disciplines. Je me suis alors dit que c’est une aubaine de faire du "all in one" (tout en un). Je peux dire que mon originalité vient du fait que je n’ai pas été inspiré par un artiste slameur en particulier. Je me suis forgé au fil du temps et j’ai créé mon propre mouvement et ma propre façon de faire.
Quelle est votre discographie ?
J’ai trois single à mon actif dont le premier intitulé "Genèse" sorti le 16 octobre 2020. C’est un single qui parle de colonisation et du néocolonialisme en évoquant le fait que cette colonisation physique est désormais mentale. Le second single "Paradis" est un hommage à la beauté de la femme africaine. Quant au troisième single, il évoque la situation sécuritaire que connaît notre pays. Il est intitulé "Horizon du bonheur" et a été inspiré d’une attaque survenue il y a quatre ans, même s’il est sorti plus tard. Les textes de cette chanson sont aussi inspirés de notre hymne national. Mais en dehors de ces trois chansons, je touche aux thématiques liées aux droits de la femme et de l’enfant. Cet art qui est la musique nous permet de passer des messages en vue de changement à tout le monde.
Quels sont les grands moments qui ont marqué votre carrière ?
Ma carrière a commencé officiellement en 2020. Mais pour moi, elle n’a pas encore pris son envol car j’étais occupé par les compétitions. J’ai au total participé à 16 compétitions nationales et internationales de slam. J’ai été champion douze fois et les quatre autres fois j’ai été soit vice-champion ou éliminé.
Donc c’est après toutes ces expériences que je peux dire que ma carrière va commencer. En commençant le slam, j’avais pour ambition de me challenger et je voulais me frotter aux plus grands pour me tester. J’estime que ma carrière va véritablement commencer cette année parce que je suis en voie de réaliser mon plus grand rêve qui est de remporter la coupe du monde de slam.
Vous faites partie des africains nominés à la coupe du monde de slam poésie 2023 qui se déroulera au Brésil. Comment s’est fait la sélection et que représente ce concours pour vous ?
La coupe du monde de slam prévue au Brésil cette année est en partenariat avec des structures présentes dans pratiquement tous les pays du monde. Ce sont donc ces représentations qui font un championnat national pour sélectionner les champions nationaux qui par la suite vont s’affronter. A l’issue de cette phase, le comité sélectionne un nombre précis de candidats qui vont se rendre au Brésil pour la finale. J’ai participé à cette compétition nationale qui s’intitule "Eloquence Slam Éveil" et qui a eu lieu à Bobo Dioulasso en 2022. J’en ai été lauréat. C’est de là j’ai décroché mon ticket pour la coupe du monde de slam poésie et en plus de cela, je participe à la coupe d’Afrique de slam prévue également cette année.
Comment préparez-vous votre participation à cette coupe du monde de slam poésie ?
La préparation à la finale se fait de façon individuelle. Étant donné que j’ai d’abord compéti au plan national, il y a des organisateurs qui vont m’accompagner pour l’aventure. Mais déjà j’ai commencé à me préparer depuis l’année passée et à écrire les textes que je vais emmener à cette coupe. J’ai écrit ces textes depuis 2020 car en débutant le slam, c’était mon objectif ultime. Ce sont des textes que je garde secrètement pour le Brésil. C’est la toute première fois que le Burkina prend part à la coupe du monde de Slam et pour la coupe d’Afrique, ce sera la deuxième fois.
Comment envisagez-vous votre carrière musicale dans les années à venir ?
J’envisage lancer un album bientôt. C’est un album qui sera mixé avec différents styles de langage qui me sont propres. Je m’adresse à tout le monde mais surtout à la jeunesse en utilisant des rythmes urbains. J’attends le bon moment pour sortir cet album. Mais si une maison de production souhaite m’accompagner, je serai ravi de collaborer avec elle.
Qui sont vos sources d’inspirations et vos modèles dans le domaine de la musique et dans la vie ?
Beaucoup de personnes m’inspirent mais pas forcément dans le domaine de la musique. Je prends des exemples comme Israël Mano et Hugues Fabrice Zango qui sont des personnes qui m’inspirent. Pas par rapport à leurs disciplines, mais par rapport à leurs parcours. Je me dis que si ces personnes ont pu relever tous ces grands défis, moi également je peux le faire. Ainsi, je m’inspire de leurs vécus, leurs parcours et de leurs résultats afin de me motiver pour mes objectifs. Mais je suis en contact avec de nombreux slameurs de ma génération, d’autres générations et à l’international également. Ces derniers n’hésitent pas à me soutenir et à m’encourager en cas de besoin.
Un dernier mot ?
Pour moi un slameur c’est d’abord une forte personnalité et une forte mentalité.
Quand j’ai commencé le slam, tout se passait bien. Je sortais toujours la tête haute des différentes compétitions auxquelles je participais et j’ai remporté toutes mes dix premières compétitions. Pourtant, les dernières compétitions n’étaient pas aussi glorieuses.
C’est une situation qui a failli me faire couler car je voyais mon objectif s’éloigner de moi. Mais quand tu tombes, il faut toujours te relever et garder ton but en tête. Aujourd’hui, je suis très confiant car j’ai une chance de réaliser mon rêve. J’ai besoin du soutien des Burkinabè pour ma participation à cette coupe du monde de slam poésie car avant tout c’est mon pays que je vais valoriser.
Propos recueillis par Farida Thiombiano
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