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Burkina : « Les femmes et les filles doivent s’impliquer davantage dans les actions communautaires », selon Patricia Waongo, lauréate du concours CAPI 2023

vendredi 12 juillet 2024, par Jack

Assistante de projets dans une organisation de la société civile, Patricia Waongo fait partie de cette jeunesse engagée pour le développement. Très impliquée pour la cause des déplacés internes, elle a présenté un projet dans ce sens au concours international Cod’Action plaidoyer international (CAPI). Cette participation lui a permis d’être lauréate et de réaliser des activités pour les femmes déplacées. Dans l’entretien qui suit, elle nous raconte le parcours qui l’a conduit à cet engagement.

Lefaso.net : Quel a été votre parcours scolaire et universitaire ?

Patricia Waongo : J’ai eu un parcours scolaire assez calme, pas trop mouvementé. J’étais une élève appliquée et disciplinée et cela se ressentait dans mes résultats car j’ai toujours fait partie des cinq meilleurs de ma classe. J’ai fait mon école primaire à Koupèla avant de faire le collège à Ouagadougou puis d’obtenir mon baccalauréat avec la meilleure moyenne de tout mon établissement. Ensuite, je me suis inscrite à l’université Thomas Sankara, en faculté de droit, où j’ai décroché une licence.

J’ai continué en master et je me suis spécialisée en droit international public. J’ai d’ailleurs soutenu un mémoire de master 2 sur le thème du principe de non refoulement à l’épreuve du terrorisme. C’est dans le domaine du droit des réfugiés. Le principe de non refoulement est un principe qui indique que quand des gens fuient le danger, quand des gens sont persécutés et qu’ils viennent dans votre pays, vous ne devez pas les refouler ou les expulser. J’ai donc analysé ce principe dans le contexte actuel du terrorisme.

Comment êtes-vous entrée dans le domaine communautaire ou vous travaillez actuellement ?

Disons que c’est un engagement personnel. J’avais envie d’être utile à ma communauté et comme j’ai grandi dans un milieu rural, cela a facilité ce choix. Aussi, les problèmes des femmes m’importaient beaucoup et je voulais vraiment faire quelque chose pour les femmes vulnérables en milieu rural. C’est pourquoi j’ai choisi de m’engager dans le domaine communautaire. Je pense que je suis sur la bonne voie car déjà j’essaye tant bien que mal d’avancer et d’atteindre les objectifs que je m’étais fixé au départ. Mais, j’ai encore du temps devant moi pour m’améliorer et remplir mes objectifs.

D’une formation de droit à la profession d’assistante de projets, comment s’est déroulée cette transition ?

D’abord ce qui m’a amenée dans cette profession c’est pourtant le droit. Je me suis intéressée aux droits humains et j’ai commencé dans l’organisation où je suis j’étais allée pour un stage en vue de me perfectionner dans le domaine du droit. En tant qu’assistante de projets, je travaille beaucoup sur des projets de droits humains. Je ne me sens donc pas en déphasage avec la formation que j’ai reçu initialement. Pour ce qui concerne la gestion des projets techniquement parlant, j’ai appris ça sur le tas parce que je n’ai pas suivi de formations académiques mais seulement quelques formations de courtes durées.

Patricia Waongo avec les femmes déplacées internes de Kaya formées en saponification

Parlez-nous du concours Cod’Action plaidoyer international (CAPI) auquel vous avez participé et dont vous avez été lauréate en 2023 ?

C’était une expérience vraiment intéressante, nourrissante et vraiment unique. Tout d’abord parce qu’elle s’est passée à Genève, en Suisse, où se trouve le siège du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. J’ai entendu parler de cette formation sur les réseaux sociaux notamment sur la page Facebook de certaines organisations de la société civile et donc j’ai voulu participer. J’ai carrément postulé à la dernière minute et j’ai été retenue. Il fallait écrire un projet pertinent. J’ai rédigé mon projet sur les personnes déplacées internes parce que comme j’avais travaillé un peu sur cette thématique lors de mon mémoire, je voulais vraiment faire quelque chose pour ces gens.

Après la présentation du projet, il fallait participer à dix jours de formation qui ont permis d’améliorer le projet avant de le présenter devant un jury. Plusieurs pays africains comme le Sénégal, la Côte d’ivoire, le Bénin, le Togo, l’Algérie, le Cameroun, et bien d’autres ont pris part au concours. A l’issue du passage devant le jury, mon projet a été retenu comme le meilleur projet et le projet le plus abouti et donc j’ai bénéficié d’un accompagnement surtout pour la recherche de finances.

Le CODAC, qui est l’organisatrice de cette formation, m’a accompagné pour que je puisse toucher certains partenaires techniques et financiers pour présenter le projet. J’ai eu quelques financements et j’ai pu réaliser certaines activités comme la formation en saponification au profit de 20 femmes déplacées internes de la ville de Kaya. Nous les avons sensibilisées sur les droits humains des femmes, personnes déplacées internes et nous avons mené en plus une sensibilisation à l’endroit des jeunes sur l’engagement communautaire.

Selon vous qu’est ce qui a le plus favorisé le choix de votre projet par rapport aux autres ?

Le projet était d’actualité et également le projet touchait plusieurs points capitaux puisque mon projet portait sur l’accès à la justice des femmes déplacées internes victimes de violences. Il portait également sur l’autonomisation financière des femmes déplacées internes et le troisième axe était la cohésion sociale entre personnes déplacées internes et leurs communautés d’accueil. Donc ces trois points étaient des points d’actualité au regard du contexte actuel du Burkina Faso. J’avais bien peaufiné ces points là et aussi mon pitch aussi était assez impactant, selon le jury.

Patricia Waongo espère trouver des financements pour étendre son projets à d’autres régions du Burkina Faso

Quelles sont vos ambitions et vos projets dans le sens toujours des déplacés internes ?

Déjà, je souhaite réaliser toutes les activités que j’avais prévues dans le cadre du projet parce que le financement que j’ai reçu n’a pas couvert toutes les activités. Il reste plusieurs activités à mener et donc mon objectif premier est de pouvoir réaliser toutes ces activités. Et également c’est un projet pilote parce qu’il peut être mené dans plusieurs autres zones. C’est la zone de Kaya qui a été touché mais après on peut mettre en œuvre ce projet dans d’autres zones comme Ouahigouya, Fada, dans toutes les zones où il y a les personnes déplacées internes.

Avez-vous quelque chose à ajouter ?

A l’endroit de la jeunesse et surtout la jeunesse féminine, je les exhorte à s’engager de façon réelle, à se donner pour que les choses aillent de l’avant pour leur pays. Les femmes et les filles doivent s’impliquer davantage dans les actions communautaires. J’invite les femmes les filles à ne pas rester dans leur coin à cause de ce que les gens pensent. Quoi que l’on dise, les femmes font vraiment beaucoup et sans les femmes, plusieurs domaines allaient être oubliés. Je vous remercie.

Farida Thiombiano
Lefaso.net

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