Le 15 mars dernier à Beyrouth (Liban), le jury de la quatrième édition du championnat international du débat francophone a décerné le premier prix à Mathilde Zerbo du Burkina Faso. Elle s’est distinguée par la clarté et la justesse de son argumentation ainsi que par son aisance orale et son charisme. Un trophée qui fait d’elle la deuxième Burkinabè couronnée championne internationale d’art oratoire après Salimata Nat Traoré. Mais qui est Mathilde Zerbo ? Portrait.
« Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années ». Une fois de plus, cette maxime trouve son écho chez la jeune Burkinabè Mathilde Zerbo, sacrée championne internationale du débat francophone 2019, à seulement 22 ans. Cette étudiante de 5eannée de médecine de l’USTA (Université Saint Thomas d’Aquin) a la tête bien pleine.
Elle s’est distinguée lors de cette compétition d’art oratoire et d’éloquence devant une centaine de candidats et candidates, venus des quatre coins du monde pour décrocher ce trophée tant convoité par les jeunes orateurs francophones de son âge. Candidate malheureuse à une compétition interne organisée par le club des débats oratoires de l’USTA, à sa première année, mademoiselle Zerbo ne s’y était plus intéressée jusqu’à sa troisième année d’université.
Connaissant sa passion pour l’art oratoire, une amie l’invite alors aux débats organisés au sein dudit club. Ce fut l’occasion pour la jeune surdouée de laisser ses marques. Vu son talent d’oratrice, les coaches ne voulant pas la laisser s’échapper, lui proposèrent d’intégrer le club, une offre qu’elle ne déclinera pas. Et depuis lors, entre les débats oratoires et la jeune Mathilde, c’est devenu une relation d’amour qui n’est pas près de s’arrêter.
Elle fut finaliste du championnat national des débats oratoires en 2017 et lauréate en 2018, un titre qui lui a permis de représenter le Burkina à la quatrième édition du championnat international du débat francophone en 2019. Une compétition à l’issue de laquelle la Burkinabè a été couronnée championne internationale. « Un trophée remporté grâce au club sans lequel je n’aurais pas eu cette opportunité », a-t-elle reconnu.
Même si elle avait confiance en ses capacités, elle reconnaît très humblement avoir été surprise par le résultat.
Les femmes et l’art oratoire, une peur qui ne s’explique pas
Pour mademoiselle Zerbo, l’art oratoire n’est pas lié au sexe ; c’est plutôt un savoir-faire et un savoir-parler. Cela pour dire que tout le monde peut devenir champion d’art oratoire à condition de s’exercer, de se former et de chercher à être meilleur. S’exprimer en public demande un certain bagage intellectuel pour impacter, a conseillé la championne.
Elle soutient que si les femmes ont peur de s’exprimer en public, c’est parce qu’elles se disent qu’être une femme, c’est être faible… « Or, dit-elle, la féminité n’est pas de la faiblesse. Etre femme, c’est au contraire être le socle, le pilier de toute une nation, de toute une communauté, des capacités qu’elles peuvent utiliser pour impacter leur nation ou pour se faire entendre dans le bon sens, au bon moment ».
Passionnée d’art oratoire, le souhait de celle qui fait la fierté du Burkina aujourd’hui, c’est de consacrer aussi son temps, après ses études, à faire du coaching ou à donner des formations. A l’entendre parler, même si l’Afrique a perdu de grands orateurs comme Nelson Mandela, Thomas Sankara et d’autres, qui ont impacté le monde à travers leurs discours, elle peut toutefois s’enorgueillir des générations montantes.