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Burkina / Etudes et entrepreneuriat : Lassina Traoré se bat simultanément entre ciseaux et cahiers

mercredi 21 février 2024, par Jack

Dans la cour de la cité universitaire de l’Institut des sciences (IDS) siègent de nombreux petits business. La majorité est dirigée par les étudiants qui ne manquent pas d’idées et de talents. Lassina Traoré, étudiant en philosophie à l’université Joseph Ki-Zerbo, a installé son atelier de couture dans la cour. Entre ses études et la couture, le jeune homme originaire de la ville de Bobo-Dioulasso explique comment il s’en sort.

Même si philosophie et couture n’ont pas de points en commun, Lassina Traoré a décidé d’en être le lien. Arrivé à Ouagadougou en 2021 pour ses études universitaires, le jeune bachelier s’installe en cité universitaire. Lassina avait appris depuis tout petit à manier la machine à coudre auprès de son père. Alors quand ses co-chambriers et ses camarades du campus apprécient son style vestimentaire, il lui vient en tête de leur proposer ses services.

« Comme je m’habillais toujours avec des créations, ils m’ont demandé si je suis styliste. Vu que je confectionne mes propres vêtements, je me suis dit que je pouvais en faire une activité parallèle aux études ici, en cité universitaire. Ils m’ont alors proposé de m’associer au couturier qui était ici avant moi. En ce moment, nous étions dans le bâtiment des dortoirs. Mais après comme il devait faire le master, il a abandonné la couture pour se concentrer sur ses études. J’ai donc travaillé peu à peu pour m’offrir ce petit atelier que j’ai installé dans la cours. Je suis donc ici légalement avec le papier du directeur », raconte l’étudiant en philosophie.

Le petit atelier en fer que le jeune étudiant a fait fabriquer pour s’installer

Pourtant, quand il annonce à son père qu’il souhaite faire de la couture sur le campus, ce dernier est dubitatif. « Mon papa ne voulait pas que je fasse des études en même temps que la couture. J’ai dû évoquer le problème du retard à l’université pour le convaincre. C’est là qu’il m’a envoyé une machine à coudre pour que je commence. Mais sa condition était que je ne reprenne aucune année académique. Et jusque-là, ça va je n’ai pas repris », explique-t-il.
Le jeune couturier a donc par la suite confectionné un atelier en fer d’environ 4m2 ou il travaille avec deux machines à coudre à pédale.

Le retard universitaire facilite l’entrepreneuriat

« Je peux dire que mon avantage dans ce business c’est le retard des années académiques au campus. On peut faire cours en mars pour composer en décembre donc il y a des périodes mortes. Ce retard a un impact sur mes études mais j’essaie de m’occuper avec la couture et de me faire en même temps un peu d’argent », a dit Lassina Traoré. Il tient à préciser qu’il n’abandonne pas une activité pour une autre car chacune a son importance et sa place. « En mars par exemple j’ai des devoirs. J’irai composer avant de venir à l’atelier. Mais mes clients sont compréhensifs. Comme nous sommes tous étudiants, il suffit de les informer qu’à telle période tu seras en composition et ça va », ajoute-t-il. Cependant, s’il arrive à garder le cap dans ces deux activités, c’est selon lui grâce à la discipline.

Lassina Traoré a appris la couture depuis l’enfance avec son père

Le jeune homme ne profite pas de sa jeunesse comme ses camarades et essaie de ne pas se disperser. « Souvent, j’envie mes camarades qui ont plus de temps pour causer, sortir et s’amuser. Mais avec la couture, je ne peux pas faire pareil. Maximum à 22h00, je dois me coucher parce que je dois ouvrir tôt mon atelier ou aller à l’université. C’est la vie et je me dis aussi que mes camarades aussi m’envient un peu étant donné qu’ils voient que je peux m’acheter certaines choses grâce à mon travail ».

Des étudiants heureux d’avoir un couturier à proximité

Il y a assez de clientèle en cité universitaire selon notre "étudiant-couturier". Les gens se sont habitués à ses services et il est désormais difficile pour eux de s’éloigner pour coudre ou réparer un vêtement. Cependant, ce ne sont pas uniquement les résidents qui viennent vers lui, même les gens de l’extérieur viennent. « Vu que nous avons les élèves professeurs ici aussi, ils emmènent leurs tenues à coudre », cite-t-il en exemple.

Edmond Kaboré, étudiant en master 1 de Lettres modernes et résident de la cité universitaire est un des clients de Lassina Traoré. Il a souvent cousu ses tenues Faso Danfani et ses tissus. Il estime que le couturier ne se débrouille pas mal. « On l’apprécie beaucoup et il arrive à nous satisfaire. Le fait qu’il soit proche et qu’on ne sorte pas pour chercher un couturier est vraiment bénéfique pour nous. Il ne doit pas se déprécier mais il doit voir cette activité comme un boulot d’avenir », pense Edmond Kaboré.

Edmond Kaboré, étudiant en master 1 de Lettres modernes et client de Lassina Traoré

Aussi, quand il prend les mesures pour coudre, il n’y a pas de problème. C’est ce que nous confie Ferdinand Roland Kalmogo, étudiant en troisième année de linguistique, qui est un habitué de notre étudiant couturier. « Il arrive à faire son travail sans grandes retouches. En plus, vu que nous sommes entre étudiants, ses tarifs sont très abordables », précise-t-il.

Ferdinand Roland Kalmogo, étudiant en troisième année de linguistique, trouve que les tarifs de son couturier sont très abordables

Lassina Traoré ne compte pas abandonner la couture

Il faut être passionné de la couture, selon Lassina, pour pouvoir le faire. Néanmoins, il indique ne pas rencontrer de difficultés majeures vu qu’il sait coudre depuis tout petit. « La difficulté qui peut se poser c’est l’inspiration, parce que tu pars d’une imagination en dessin pour couper et le transformer en tenue », dit-il.

Bénie Joie Ouédraogo est l’une des apprentis de Lassina Traoré

Pour se faciliter la tâche, il travaille avec deux apprentis qui sont également à la cité. Bénie Joie Parfaite Ouédraogo, étudiante en deuxième année de droit à l’université Thomas Sankara, a rencontré Lassina quand elle est venue chercher une chambre en cité en septembre 2022. Elle est devenue par la suite son apprentie dans l’atelier. « Je voulais apprendre la couture donc je venais observer son travail. Ensuite je lui ai demandé si je pouvais venir apprendre et travailler avec lui. Actuellement, je sais faire beaucoup de choses en couture parce que c’est facile d’apprendre avec lui. Il est strict sur le travail parce qu’il ne veut pas décevoir ses clients », déclare la jeune apprentie qui ne souhaite pas néanmoins en faire un métier.

Lassina Traoré en train d’acheter des tissus pour les proposer à ses clients dans son atelier

Lassina Traoré ne compte pas abandonner la couture. Il souhaite continuer les études et, plus tard, installer son atelier hors de la cité universitaire. « Je vais trouver des personnes qui vont travailler là-bas pour que je puisse vaquer à mes autres occupations », prévoit-il. Pour se faire un peu plus d’argent, le couturier propose des tissus aussi à ses clients sur place. Même si son activité ne lui permet pas encore de s’en sortir réellement, l’étudiant en philosophie espère avoir les moyens de mieux investir dans son business pour l’agrandir.

Farida Thiombiano
Lefaso.net

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