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Burkina / Éducation inclusive : Des élèves aveugles et malvoyants suivent les cours comme les autres

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lundi 19 février 2024, par Jack

En vue de promouvoir l’éducation pour tous, certains établissements reçoivent des élèves en situation de handicap. C’est le cas du lycée mixte de Gounghin qui compte en son sein une vingtaine d’élèves aveugles et malvoyants. Lefaso.net est allé à la rencontre de quelques-uns d’entre eux.

Main dans la main et munis d’une canne, Yacouba Ilboudo, Patrick Kaboré et Alexis Zongo se dirigent vers leur salle de classe de 1ère A4. Avec pour principal point commun leur handicap visuel, ils ont l’habitude de faire le trajet de l’école ensemble. Une fois en classe, il est difficile de percevoir le handicap de ces élèves car ils se déplacent sans difficultés jusqu’à leurs places. « Je suis inscrit ici depuis la classe de 6e. Les cours se passent bien et j’arrive à suivre grâce à une tutrice qui me dicte ce qu’on écrit au tableau pour que je puisse suivre », nous fait savoir Yacouba Ilboudo, qui s’exprime très bien.

Yacouba Ilboudo en train de lire un cours en braille

Ses camarades Alexis Zongo et Patrick Kaboré sont quant à eux venus au lycée mixte de Gounghin après l’obtention de leur Brevet d’études du premier cycle (BEPC). Alexis Zongo vit avec une famille d’accueil car ses parents habitent à Koudougou. Selon lui, c’est dans une ambiance de fraternité et de solidarité qu’ils suivent les cours tous les jours. « Nous sommes amis à tout le monde ici parce que quand on parle de l’inclusion, c’est tout le monde. Le fait même que nos camarades nous aident en dictant pour nous, tout en écrivant leurs cours c’est beaucoup », indique Alexis Zongo.

Alexis Zongo originaire de la ville de Koudougou est venu au lycée mixte de Gounghin après son BEPC et vit dans une famille d’accueil

Des élèves solidaires envers leurs camarades en situation de handicap

En plus de leur résilience face au handicap, ces élèves peuvent compter sur leurs camarades qui leur sont d’une aide précieuse. Leurs voisins ou voisines qu’ils ont surnommés tuteurs ou tutrices leurs permettent de suivre en classe. « Par exemple, lors des cours de mathématiques, je dicte tout ce qui est au tableau, mais pour le cours d’histoire géographie c’est moins difficile car il arrive à écouter », explique Assia Nikièma, tutrice de Patrick Kaboré. Le chef de classe également joue un grand rôle pour faciliter leur apprentissage. « Étant donné qu’ils ne voient pas, je réclame chaque fois le silence pour qu’ils puissent au moins entendre les explications du professeur », a déclaré Flavien Sanou.

Flavien Sanou, chef de classe

Le constat général est que l’ensemble des élèves est mobilisé pour venir en aide à leurs camarades handicapés visuels en cas de besoin. Mais il faut dire que malgré cette mobilisation, ils sont très autonomes. Pour Yacouba Ilboudo, le handicap n’est pas une fatalité. « Je peux dire que c’est quelque chose qui nous rend un peu plus forts. Peut-être que sans ce handicap, je n’aurai pas atteint ce niveau alors que cette situation nous permet de nous débrouiller », relativise l’élève de 1ère A4.

Assia Nikièma aide l’élève Patrick Kaboré a suivre les cours en lui dictant les leçons

L’Union nationale des Associations burkinabè pour la promotion des aveugles et malvoyants (UN/ABPAM) au cœur de cette éducation inclusive

Pour que Yacouba Ilboudo et ses camarades puissent être au lycée mixte de Gounghin, il a fallu que l’ABPAM discute avec l’administration. Il faut aussi souligner que des élèves dans la même situation sont affectés dans d’autres établissements de la ville de Ouagadougou. « Nous n’avons pas un partenariat très formel avec les établissements. Mais depuis le départ, nous avons fait du plaidoyer pour que les élèves handicapés visuels puissent apprendre comme les autres. C’est ainsi que des établissements comme le lycée mixte de Gounghin, Song Taba et Marien N’Gouabi, Bambata et même Vénégré reçoivent des élèves handicapés visuels dans leurs classes », a fait comprendre Christophe Oulé, président de l’ABPAM, qui ajoute qu’ils essaient de faire un suivi pour faciliter l’apprentissage des élèves.

Yacouba Ilboudo, Alexis Zongo et Patrick Kaboré aimeraient tous être communicateurs ou hommes de droit dans le futur

Avant d’être affectés dans ces établissements, certains sont passés par l’école des jeunes aveugles de Ouagadougou. Cette école a été ouverte avec l’accompagnement du ministère de l’Action sociale. C’est à partir de cette école que les enfants ont été scolarisés dans les premières classes du primaire. Là-bas, les enfants sont d’abord reçus pour apprendre le braille afin de lire et d’écrire avant de rejoindre l’école normale.

" Nous avons fait le plaidoyer auprès de certains établissements pour que les élèves handicapés visuels puissent apprendre comme les autres", Christophe Oulé, président de l’Union nationale des Associations burkinabè pour la promotion des aveugles et malvoyants

Des difficultés mais aussi beaucoup de perspectives

Au regard de la barrière du handicap visuel, l’enseignant ne peut pas toujours appréhender les choses de la même manière qu’avec les autres élèves dits "normaux". Néanmoins les élèves aveugles et malvoyants apprennent toutes les matières et ne sont exemptés d’aucune matière. « Les devoirs des élèves en situation de handicap visuel sont traduits en braille. Le professeur dépose le devoir à temps auprès de l’équipe de transcription qui est chargée de traduire le sujet pour eux », explique Christophe Oulé, président de l’ABPAM. 

Malgré cet accompagnement, des difficultés d’études subsistent. Patrick Kaboré déplore l’absence de manuels scolaires dans certaines langues qui soient adaptés à leur situation : « On ne trouve pas les livres en braille, surtout en anglais et en allemand ».

Patrick Kaboré souhaite que les manuels scolaires soient adaptés au braille pour leur faciliter l’apprentissage

Selon le président de l’ABPAM, ce n’est pas facile pour ces jeunes aveugles, mais comme tous les élèves, quand ils s’y mettent, ils s’en sortent. « Après l’obtention du baccalauréat, ils s’inscrivent à l’université Joseph Ki-Zerbo ou Thomas Sankara. Et, jusque-là, ils se sont inscrits dans les filières de droit, de lettres ou la philosophie. Il y en a aussi qui s’inscrivent dans des universités privées en gestion de ressources humaines », a-t-il fait savoir.

Nos trois élèves en situation de handicap visuel rêvent tous de devenir communicateurs ou des hommes de droit. Ils espèrent toujours être entourés de personnes solidaires afin de poursuivre sereinement leurs études et leurs vies.

Farida Thiombiano
Lefaso.net

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