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Culture/Mode : Ces jeunes femmes qui s’illustrent dans la promotion de tenues made in Burkina

mercredi 24 janvier 2024, par Jack

L’offre en matière de tenues vestimentaires made in Burkina est de plus en plus présente. Le constat qui se fait est le nombre de plus en plus croissant de femmes qui s’y lancent avec de belles créations. Elles sont nombreuses à confectionner des tenues à base de tissus et de matériaux locaux. Lefaso.net a rencontré quelques jeunes dames qui, à travers leur génie créateur, mettent en valeur la culture burkinabè.

Plusieurs femmes à Ouagadougou sont à l’origine de marques de vêtements qui promeuvent les tissus locaux. Elles allient modernité et valorisation des produits du terroir. A l’image de leurs devancières, elles ambitionnent toutes porter haut la mode burkinabè.

C’est le cas de Elba Ouédraogo, promotrice de la marque "Sublime Détail" qui fait des créations avec les pagnes « Koko Donda ». Depuis six ans, la jeune dame s’est lancée dans la mode par passion. Sa marque confectionne des tenues pour les hommes et les femmes telles que les tenues de sorties, de cérémonies, de travail. Elle accompagne aussi les entreprises pour la personnalisation de leurs tenues professionnelles. Diplômée en aviation civile, c’est après sa formation, qu’elle s’est découvert cette passion.

« Lorsque je m’habillais, je recevais toujours des compliments et des appréciations. Je me suis lancée parce que ça me plaît et surtout pour ne plus dépendre de la famille. J’ai alors commencé à sous-traiter avec des couturiers du quartier, du marché et je vendais sur les réseaux sociaux. Après trois ans, j’ai pu acheter ma première machine et m’installer dans mon premier Show-Room au quartier des 1200 logements. Je ne sais toujours pas coudre même si je m’exerce un peu. C’est moi qui fait les choix des modèles et des tissus » explique Elba Ouédraogo.

Comme Elba Ouédraogo, Jessica Batabé, passionnée de stylisme, confectionne des vêtements sur mesures en soie, en Koko Donda et en Faso Danfani. Sa marque qu’elle a appelée « Assolan » existe depuis 2017. La jeune styliste a axé son marketing sur les réseaux sociaux afin de toucher le maximum de personnes. Elle emploie cinq personnes à plein temps et quatre personnes à temps partiel. « Pour le moment, la marque Assolan n’a pas encore fait de podium de défilé parce ce que nous sommes très focalisés sur la clientèle ordinaire. Nous sommes ouverts à tous types de clients et nous essayons de varier les prix avec des tarifs allant de 15.000 FCFA à 50.000 FCFA pour le prêt-à-porter. Mais nous nous adaptons à la bourse du client », indique Jessica Batabé. Selon son constat, de plus en plus de gens aiment les tenues prêt-à-porter au détriment du sur mesure.

Un travail de plus en plus valorisé au Burkina Faso

Dans un contexte qui tend vers la promotion de la consommation de produits locaux, le textile y a une place de choix. A travers la transformation du Faso Danfani, Alida Bazié est entrée dans l’histoire de la mode burkinabè. En effet, la promotrice de la marque vestimentaire « Arnel Fashion » est celle qui est à l’origine des toges uniques Faso Danfani des universités. Cette aventure commence pour elle à travers un ami qui lui envoie un lien d’une publication sur la page du ministère de l’Enseignement supérieur. « C’était un appel à candidatures pour proposer un modèle de toges fait à partir de nos matériaux locaux. J’ai donc réfléchi pour me lancer en travaillant sur deux propositions de modèles. Et c’est ainsi que l’un des modèles a plu à la chaîne des évaluateurs et a été retenu », relate-t-elle.

Son atelier est spécialisé dans la création de vêtements à base de tissus locaux tels que le Faso Danfani et le koko Donda. C’est durant sa formation de couture au Mali que la jeune dame décide de se consacrer à la valorisation des tenues culturelles burkinabè. « J’ai remarqué là-bas que leurs stylistes mettaient beaucoup en valeur les tissus locaux de leur pays comme le bazin ou le bogolan. C’est de là que mon projet a commencé à germer. J’avais pour projet de surtout proposer à mes clients des tenues à base de produits de mon pays » confie Alida Bazié.

Aujourd’hui, sa passion lui permet d’employer une équipe permanente et non permanente qui travaille alternativement de jour et de nuit pour satisfaire la demande.

Difficile mais passionnant !

Dans ce secteur d’activités, ces femmes font beaucoup appel à la maîtrise de soi car la gestion de la volonté et de l’humeur du client est importante pour préserver son image. Il y a aussi toujours le problème de retard dans la livraison des tenues. Même si elles s’efforcent d’être ponctuelles pour les rendez-vous, il y a toujours des aléas.

Elba Ouédraogo pointe du doigt le coût de la matière première qui joue sur la fixation des prix de vente. Elle se démène toujours pour adapter le prix à la demande. « C’est vrai que l’appellation styliste effraie parfois la clientèle mais pour chaque domaine, il y a une clientèle cible. Et dans l’ensemble, les clients comprennent nos tarifs », explique-t-elle.

En tant que femme dans ce milieu, elles ont besoin d’être doublement rigoureuses et de taper parfois sur la table pour que les choses bougent, surtout avec le personnel.
Par ailleurs, la marque Assolan est parfois victime de son succès sur les réseaux sociaux. Pour Jessica Batabé qui gère elle-même les pages de sa marque, le plus difficile est de répondre à temps à la clientèle de plus en plus exigeante. « Surtout pour la communication sur les réseaux sociaux pour répondre aux questions, ce n’est pas toujours immédiat et certains ne comprennent pas. Alors que les gens n’aiment plus se déplacer, ils veulent avoir toutes les informations par téléphone », dit-elle.

Un secteur où il est possible de se faire une place au soleil

En dehors des difficultés que rencontrent ces femmes, elles affirment qu’il y a de la place pour tous. Pour Elba Ouédraogo, malgré la concurrence, chacun se démarque par son originalité et sa créativité. « Au début ce n’était pas simple de trouver ses marques et sa signature pour que la clientèle se sente unique. Mais j’ai réussi avec le temps à me démarquer avec des modèles que je trouve originaux qui plaisent ici au Burkina et même à la diaspora », indique la styliste qui souhaite ouvrir des boutiques aussi bien dans tout le Burkina qu’à l’international. Elle conseille de ne pas négliger sa plus petite passion ou son rêve car ça nous rattrape toujours. « Je rends grâce à Dieu que mon rêve m’ait rattrapé car je vis entièrement de ça aujourd’hui. »

Alida Bazié pense qu’avec la promotion de la consommation locale faite par le gouvernement actuel, il y a de l’engouement autour du Faso Danfani. « De plus en plus les clients commandent des tenues en Faso Danfani. Je remarque surtout que lors des cérémonies, le port du Faso Danfani et du Koko Donda s’y invite. » Il faut toujours persévérer dans ses choix et y croire aussi car pour son exemple elle n’imaginait pas un jour avoir le privilège d’habiller les universitaires.

Elle invite les jeunes filles qui veulent se lancer dans le stylisme à innover et à surtout penser à la promotion des tissus locaux.

Farida Thiombiano
Lefaso.net

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