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COP 22 au Maroc : Le Burkina a organisé la conférence locale des jeunes en amont

mercredi 16 novembre 2016, par Pascal YE

Référent de la COY (Conference of Youth) 12 au Burkina Faso, Evariste Dabiré, chargé des ressources humaines, du contentieux et de la communication à l’ONG « SOS SAHEL International », nous a entretenu autour de la dernière rencontre internationale sur la problématique des changements climatiques, tenue à Marrakech au Maroc. A l’occasion, il est revenu aussi sur la COY (Conference of Youth) locale organisée au Burkina Faso, en prélude à cette rencontre de haut niveau (COP 22) et sur d’autres aspects de ces rencontres, intimement liées (COY et COP) les unes aux autres.

Lefaso .net : Vous avez pris part à la COY 12. Pouvez-vous nous dire tout d’abord ce que s’est ?

Evariste Dabiré : La COY est en réalité un sigle en anglais « Conference of youth ». C’est une initiative d’associations et d’organisations de jeunes depuis 2005 qui à un moment donné, ont pensé que la COP (Conference of parties) qui a lieu annuellement mettait plus ou moins la jeunesse en marge.

La jeunesse n’avait pas une tribune assez officielle pour apporter sa contribution aux questions de changements climatiques. Depuis 2005, c’est donc une initiative officielle qui a été tout de suite soutenue par la Convention-cadre des nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) adoptée en 1992 et dont la COP est l’organe suprême. Et depuis lors, la COY se tient chaque année en prélude à la COP. C’est ainsi que la COY 11 a eu lieu à Paris en 2015 et la COY 12 s’est tenue en 2016 à Marrakech au Maroc.

C’est vraiment la tribune officielle pour la jeunesse du monde entier de pouvoir discuter et apporter sa contribution pour ce qui est des questions de changements climatiques.

La 12ème rencontre au Maroc a vu le Burkina Faso être à l’honneur. Pouvez-vous nous dire pourquoi ? Est-ce qu’il y a eu un leadership particulier qui a été développé dans ce sens ?

En réalité, il faut dire que pour ce qui est de la COY pour chaque édition, il faut retenir que la COY est organisée sur appel à candidature en ligne où les jeunes de chaque pays du monde entier qui participent à la COP, postulent pour être sélectionnés en tant qu’organisateurs de cet événement au plan local.

Mais ce que nous avons constaté, c’est qu’au Burkina Faso peut être par manque d’informations ou de recherches, il n’y avait pas tellement de médiatisation de cette rencontre de par le passé. Sinon je sais que d’autres burkinabè ont déjà pris part depuis 2005 à des rencontres de la COY.

C’est organisé de sorte à ce que lorsque la COY a lieu, lorsque vous postulez dans votre pays, vous êtes deux ou trois à être sélectionnés dans chaque pays. Dans le cas du Burkina Faso, nous avons été trois jeunes à être sélectionnés. Moi-même de SOS SAHEL, le deuxième jeune est du SP-CNDD (Afolaballi Abdoul Safyu) et le troisième est un représentant pays de « World Merit » (Ludovic Yanda).

Malheureusement, les conditions de sélection il faut le dire sont très pénibles. Il faut être d’abord impliqué dans une association qui a des liens avec les questions de changements climatiques. De même les conditions d’organisation sont toutes aussi difficiles. C’est-à-dire que dès que vous êtes sélectionné, vous êtes un peu laissé à vous-même, hormis les conventions et une charte que vous signez avec le secrétariat global qui organise la rencontre en fonction de la ville où elle se tient et qui définissent les clauses d’organisation et les règles. A cela s’ajoute une lettre de soutien (support letter) qui au regard de son contenu est en fait une lettre de recommandation pour vous permettre de lever les fonds nécessaires.

Sinon c’est ouvert à tous les pays du monde entier et je ne pense pas qu’il faut un leadership particulier. Mais vous comprendrez que si vous vous rendez compte que toutes les conditions ne sont pas réunies pour organiser ce type de rencontre dans votre pays, vous pouvez baisser rapidement les bras. Quand bien même pour moi, il s’agit d’un véritable défi national pour toute la jeunesse qui doit s’impliquer dans ce type de rencontre. Car c’est elle la première victime des changements climatiques. Notre souhait est donc qu’après la COY 12, qu’il y ait des COY qui puissent s’organiserdésormais au Burkina Faso telle que la COY 13 ou 14.

Mais qu’en est-il de la COY locale que vous avez organisée au Burkina Faso ?

Il faut dire que pour la locale COY 12 au Burkina Faso, la convention que nous avons signée avec le secrétariat global de la COY nous a imposé des dates. Ce sont des dates non négociables à prendre ou à laisser. Dans tout le monde entier, les COY devaient s’organiser du 28 au 30 octobre 2016. Et pour le cas du Burkina Faso nous l’avons organisée en fin octobre 2016.

Maintenant ce qui se passe c’est qu’en réalité il y a deux phases dans le processus. La première phase dans tous les pays c’est que vous organisez d’abord la conférence avec un certain nombre de jeunes défini par la charte et par la convention. Après, les résultats sont restitués à une plus grande échelle et c’est ce qui a été fait au Maroc du 4 au 6 novembre 2016.

Et pour le cas du Burkina Faso, vu les résultats et l’importance de la COP 21 qui s’est soldée par l’adoption de l’Accord de Paris, nous avons pensé qu’il serait bien que la jeunesse puisse se pencher d’abord sur la mise en œuvre de cet accord.

Quel était donc le thème de la COY locale organisée au BurkinaFaso en fin octobre 2016 ?

Le thème que nous avons retenu pour la COY 12 au Burkina Faso était : « La mise en œuvre de l’accord de Paris : quelle contribution de la jeunesse africaine ». Cela veut dire que nous sommes allés au-delà de la jeunesse burkinabè étant entendu que tous les pays africains ont les mêmes priorités et défis en matière de changements climatiques. Cette thématique a été très bien développée parce que nous avons bénéficié de l’accompagnement d’un expert en gestion des écosystèmes en la personne du Dr Hubert N’djafa de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN-bureau régional), pour montrer à la jeunesse comment elle peut contribuer à la mise en œuvre de l’Accord de Paris par rapport à cette COP 22 qui est toujours en cours jusqu’au 18 novembre prochain.

Que doit-on retenir de votre participation à cette rencontre de Marrakech ?

Pour ce qui est de la COY locale que nous nous avons organisée, nous avons pu envoyer une délégation pour la restitution au Maroc par nos propres moyens du 4 au 6 novembre dernier.

La délégation a restitué les recommandations aux nombres de 6 avec les autres jeunes du monde entier qui se sont retrouvés à Marrakech. Cette délégation a pu poursuivre avec les premiers jours de la COP 22. Ce qu’il faut retenir aussi est que la COP et la COY sont deux événements intimement liés. Et ce n’est pas pour rien que la COY se passe en prélude de la COP chaque année.

La COY a pris fin le 6 novembre et la COP a débuté le lendemain 7 novembre, avec la présence de notre délégation qui a pris part activement à la journée du Burkina Faso, tenue le 9 novembre dernier à la COP 22 à Marrakech au Maroc.
Nous allons passer à une autre étape de restitution basée et axée sur le mémorandum qui a été adopté par l’ensemble des jeunes qui ont pris part à la COY 12. Car c’est la COY qui nous intéressait le plus à travers notre présence au Maroc.

D’ici la fin de la COP 22, où les résultats de la COY sont exposés, nous aurons un mémorandum bien finalisé qui fera l’objet d’une plateforme pour toute la jeunesse africaine qui s’intéresse aux questions de changement climatique. Le reste de la délégation toujours présente à la COP 22 procédera aussi à des restitutions de façon officielle, pour dire aux burkinabè quels ont été les enjeux pour l’Afrique et le Burkina Faso.

Même si c’est connu que le plus grand enjeu c’est comment mobiliser les fonds climats pour l’Afrique qui doit s’adapter aux changements climatiques. Ces fonds devront être réunis à travers des plaidoyers et des lobbyings par les pays dit développés, étant donné que ce sont eux les plus grands pollueurs. Il faudrait donc que cette compensation pour l’Afrique soit un acquis pour lui permettre aussi de se développer.

On s’attend à ce que les pays africains dont le Burkina Faso puissent avoir les contreparties financières nécessaires pour s’adapter aux changements climatiques.

Quelles sont vos attentes vis-à-vis de nos autorités nationales en termes de décisions à prendre ou d’accompagnement ?

Pour ce qui est des perspectives à notre niveau, au sortir de la COY 12, il y a des recommandations au nombre de 6 qui ont été formulées et dont certaines s’adressent directement aux autorités nationales. On s’attend quand même à ce que le gouvernement burkinabè puisse adhérer à l’initiative « global gold local impact » qui permettra de pouvoir capitaliser un certain nombre de choses, et d’assurer une visibilité des actions étatiques sur beaucoup de domaines dont celui qui nous concerne en rapport avec les changements climatiques.

Nous avons formulé d’autres recommandations pour qu’un plaidoyer puisse être mené en direction des décideurs politiques pour une prise en compte effective de l’accord de Paris dans les documents de politique nationale. Il faudra donc un alignement et une cohérence de toutes les politiques.

Le problème qu’on a constaté est qu’une chose est de signer et de ratifier les documents tandis qu’une autre est de les mettre en œuvre. Ce n’est pas pour rien qu’on qualifie le pays de bon élève en matière de ratification de textes. Mais après, leur mise en œuvre devient problématique.

Nous souhaitons que l’Accord de Paris ne soit pas un texte en plus au Burkina Faso, mais qu’il soit réellement mis en œuvre et fasse tache d’huile.

Nous nous attendons aussi à ce qu’il y ait une véritable implication des jeunes dans tous les cadres de concertation sur les questions de changements climatiques. Cela est tellement important et nous tient à cœur. La jeunesse aujourd’hui est la première victime que ce soit à court, moyen et long termes des effets des changements climatiques. Il ne suffit pas de prévoir la jeunesse dans les textes ou les discours mais s’engager véritablement dans un processus qui se fait avec les jeunes. Forcement alors, on aura des résultats tangibles.

Combien de jeunes ont pris part à la rencontre ?

Selon la convention que nous avons signée avec le secrétariat global de la COY, il est prévu dans tous les pays où se tiennent les locales COY un nombre entre 100 et 150 jeunes. Je profite féliciter d’ailleurs le comité d’organisation qui s’est vraiment impliqué avec ses propres moyens sans un accompagnement quelconque.
Nous avons lancé des formulaires d’inscription en ligne et il y a eu beaucoup d’engouement même de jeunes de provinces et de pays voisins qui ont rempli les formulaires. Nous avons reçu 162 inscriptions mais, compte tenu du manque des moyens, nous avons dû revoir nos ambitions à la baisse. Il s’agissait d’un vaste programme qui devait voir se tenir un concert environnemental avec des artistes engagés.

L’un dans l’autre, nous avons pu tenir la COY locale avec environ une cinquantaine de participants dans les locaux de l’institut 2ie que je remercie au passage.
Le nombre ici n’est pas forcément le critère le plus important mais plutôt la qualité des participants.Et sur ce plan on se réjouit d’avoir eu des jeunes très engagés sur les questions des changements climatiques.

Un appel à lancer ?

Pour un dernier mot et un appel à lancer, ça sera certainement celui du comité d’organisation. Nous tirons certainement des leçons de cette organisation que nous avons prise comme un défi et une compétition. Et nous pensons avoir rempli notre part de contrat sans accompagnement de partenaires. Même les billets d’avion ont été payés sur fonds propres pour la rencontre au Maroc. Ce qui montre aussi qu’on peut réaliser des choses avec les moyens de bord.

Mais nous souhaitons que d’autres éditions à venir puissent être organisées au Burkina Faso car c’est important. Avec plus de postulants et de participants.

Nous sommes pour notre part, pour avoir eu cette expérience au Burkina Faso, prêt à mettre notre expérience à la disposition des futurs organisateurs des COY à venir. La jeunesse burkinabè ne peut plus rester en marge de ces rencontres qui sont très importantes pour l’Afrique et le monde entier.

Propos recueillis par Angelin Dabiré
Lefaso.net

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