Mohamed Fayssal Nabi est un jeune entrepreneur burkinabè engagé dans la protection de l’environnement. A travers la confection d’emballages réutilisables et biodégradables, par son initiative Faso éco, il veut participer à nourrir un comportement écoresponsable chez les Burkinabè. Dans cet entretien, il nous partage son parcours, ses motivations, et les défis qu’il rencontre dans son engagement écologique.
Lefaso.net : Pouvez-vous, vous présenter et nous parler de votre parcours ?
Mohamed Fayssal Nabi : Je suis promoteur de Faso éco, une structure engagée dans la protection et la préservation de l’environnement. Sur le plan scolaire, je suis titulaire d’un Master en droit des affaires. Actuellement, j’exerce comme juriste d’entreprise et responsable des ressources humaines. En parallèle, je suis auto-entrepreneur dans l’agro-business et également impliqué dans la protection de l’environnement pour proposer des solutions innovantes en matière de préservation écologique.
Qu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer dans l’écologie et plus précisément dans la confection d’emballages réutilisables écologiques ?
Je suis une personne curieuse, je fais beaucoup de recherches, que ce soit à travers des vidéos ou lors de voyages. Au Burkina Faso, nous ne prêtons pas assez attention à la protection de l’environnement, pourtant c’est un sujet crucial. Les répercussions sont énormes, que ce soit sur l’économie ou à travers des phénomènes comme les inondations. C’est pourquoi j’ai décidé de m’investir dans ce domaine. J’ai également constaté que le cadre de l’assainissement au Burkina n’est pas à la hauteur. Nous avons beaucoup d’emballages plastiques qui causent d’énormes dégâts. J’ai donc décidé de me lancer dans la production d’emballages écologiques pour aider les populations à améliorer leur cadre de vie et leur santé.
Expliquez-nous-en quoi vos emballages sont écologiques ?
Nos sacs sont écologiques parce qu’ils sont biodégradables et réutilisables. Nous mettons l’accent sur la réutilisation, car en matière d’environnement, il est crucial de réduire, réutiliser, et recycler. Avoir un emballage réutilisable sur une longue durée aide beaucoup plus que de se contenter d’un produit biodégradable à usage unique. Par exemple, les papiers kraft sont fabriqués à partir d’arbres, ce qui a un impact environnemental, même si ces emballages sont biodégradables. Il est donc préférable d’utiliser des emballages réutilisables pendant plusieurs mois pour éviter de produire et de jeter constamment. Cette idée a motivé la production de nos emballages écologiques réutilisables.
Quel est l’impact que vous espérez avoir à travers la confection de ces emballages biodégradables et réutilisables ?
L’impact que nous recherchons, ma structure et moi, est avant tout de sensibiliser les populations. Nous faisons de l’éducation environnementale et encourageons l’utilisation d’emballages écologiques. Nous voulons également éliminer les emballages plastiques. Malgré la loi adoptée en mai 2014 sur la décision d’interdiction de production, d’importation, de commercialisation et de distribution des emballages et sachets plastiques non biodégradables au Burkina, il n’y a pas eu de mesures palliatives. Notre objectif est de substituer les emballages plastiques par des solutions réutilisables pour chaque Burkinabè, ce qui nous permettra de réduire notre empreinte écologique tout en promouvant l’écologie et le tourisme local à travers nos produits.
Quelle appréciation faites-vous de l’intérêt des Burkinabè pour l’écologie en général ?
Les retours sont très positifs, et nous remercions Dieu pour cela. Nos produits sont bien accueillis dans les magasins, les populations les apprécient beaucoup. Outre leur aspect écologique, le côté esthétique et la promotion du tourisme attirent aussi l’attention. Les gens ne les achètent pas uniquement parce qu’ils sont écologiques, mais aussi parce qu’ils les trouvent beaux et atypiques. Je pense qu’ils comprennent de plus en plus. Dans les magasins, les gens achètent nos produits en sachant qu’ils pourront les réutiliser. Ils sont aussi conscients de l’interdiction des plastiques et cherchent à agir en conséquence.
Quelles sont les actions écologiques et les comportements que vous adoptez dans votre vie quotidienne, en dehors de la confection d’emballages écologiques ?
Personnellement, depuis des années, j’évite toute action qui pourrait nuire à l’environnement. Par exemple, je ne jette pas les déchets n’importe où, je fais du tri chez moi, et j’encourage mes amis à faire de même. Je privilégie l’usage de mes propres sacs réutilisables lorsque je fais des courses. Je refuse les sacs en plastique dans les magasins et je sensibilise aussi les gens sur Facebook et Tiktok, en les encourageant à adopter des comportements responsables. Parfois, lorsque j’ai oublié mon sac biodégradable, je repousse les courses que j’avais prévu faire.
En tant que jeune entrepreneur dans l’écologie, quels sont les défis auxquels vous êtes confrontés ?
Le premier défi est l’accessibilité des emballages. Bien que nos produits soient abordables, ils ne sont pas encore accessibles à tous. Nous espérons avoir plus de moyens, peut-être grâce à des partenariats, pour rendre nos produits plus accessibles et ainsi impacter davantage le Burkina Faso. Un autre défi est d’organiser des activités avec les populations pour leur faire comprendre l’importance de prendre soin de notre environnement. Les problèmes tels que les inondations sont souvent liés à nos comportements irresponsables.
Avez-vous d’autres projets, toujours dans le domaine de l’écologie ?
Nous avons des projets liés à l’assainissement, la gestion des déchets, et l’accompagnement des entreprises dans leur politique de responsabilité sociale, notamment en matière environnementale. Par exemple, nous envisageons de distribuer des produits écologiques pour la conservation des aliments, afin de réduire l’usage du plastique qui est nocif pour la santé.
Avez-vous des modèles ou des sources d’inspiration qui vous motivent dans l’écologie ?
Oui, il y a des acteurs de sensibilisation comme Mahamadi Ouédraogo dit ‘‘Mdi’’, dont les actions m’inspirent beaucoup, même si je ne le connais pas personnellement. Il y a aussi des autorités et des associations qui organisent des activités comme la plantation d’arbres et le reboisement, ce qui est encourageant. Cela nous motive à collaborer avec eux pour un Burkina Faso meilleur.
Quel message avez-vous à adresser aux jeunes pour qu’ils aient un comportement éco-responsable ?
Je souhaite que chacun puisse prendre quelques minutes de son temps pour sensibiliser autour de lui. Ne serait-ce que sur les réseaux sociaux avec de petites publications comme « Evitons de jeter des ordures ». Ça c’est une suggestion pour les personnes qui sont engagées. Mais pour celles qui ne le sont pas encore, qu’elles fassent le constat autour d’elles à travers ce que l’on subit quand il fait chaud et quand il pleut. Je pense que cela suffit à comprendre l’ampleur des choses. Tu as chaud chez toi, tu plantes un arbre. Quand quelqu’un jette des ordures et que tu vois, tu ramasses. C’est une façon de s’entraider pour un meilleur avenir du Burkina Faso.
Farida Thiombiano
Retranscrit par Neimatou Rouamba
Lefaso.net