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École primaire de Zinka dans le Noumbiel : 100 % de succès au CEP pour la neuvième année consécutive

lundi 2 juillet 2018, par Pascal YE

Les résultats du Certificat d’études primaires (CEP), session de 2018, sont disponibles dans le Noumbiel. La province a enregistré un taux de succès de 84,34 %. Mais s’il ya une école de la zone qui se particularise par ses résultats notoires, c’est l’école primaire publique de Zinka dans la commune rurale de Legmoin, à une quarantaine de kilomètres de Gaoua. En effet, cette école a réalisé neuf fois d’affilé un taux de succès de 100 % à l’examen du CEP. L’enseignant titulaire de la classe de CM2 de cette école se nomme Kpèhè Kam, instituteur certifié, directeur de ladite école. Nous l’avons rencontré, le samedi 30 juin 2018. Dans cet entretien, il nous dévoile sa stratégie de travail pour garder cette constance dans la réussite.

Lefaso.net : Depuis quand enseignez-vous ?

KpèhèKam (K.K.) : Je suis entré à l’ENEP(École nationale des enseignants du primaire, ndlr) en 2004 et je suis sorti en 2005. L’école de Zinka a été mon premier poste et j’y suis depuis treize ans. J’enseigne par vocation ; depuis mon primaire, quand on me demandait ce que j’aimerais devenir quand je serai grand, je disais que je voulais être forcément enseignant comme mon maître.

Lefaso.net : Cela fait neuf ans d’affilé que vous réalisez 100 % à l’examen du CEP. Quel est votre secret ?

K.K. : Comme on a l’habitude de le dire, c’est le travail qui paye. On a toujours travaillé dur pour mériter ces résultats. Si on nous a affecté ici, c’est pour lutter contre l’ignorance. Il est de notre plein devoir de le faire. (…) Le secret de la réussite, c’est le travail. Je suis avec une équipe très jeune et qui me comprend.

Lefaso.net : Quelle est votre stratégie de travail avec l’équipe enseignante ?

K.K. : À chaque début d’année, nous faisons des évaluations afin de détecter les difficultés de chaque enfant. Si la difficulté est criarde, nous ciblons ces enfants et je les confie à chaque enseignant qui s’évertue à lever la difficulté de sorte que l’enfant ait le niveau requis. Et chaque 15 jours, chacun de mes adjoints me fait le point de l’évolution de l’élève qu’il suit.

Lefaso.net : De façon pratique, comment vous préparez vos élèves à l’examen du CEP ?

>K.K. : Je dirai que chaque année, nous faisons neuf à dix examens blancs, cela pour familiariser les enfants à plusieurs types de sujets. L’élève peut assimiler une notion et ne pas pouvoir la restituer s’il n’a pas été habitué à divers types de questions. Ce que nous appelons dans notre jargon « les items d’évaluation ». Donc si les leçons sont bien administrées et que les enfants les apprennent, quel que soit le type de questions ou d’exercices, ils trouveront toujours les réponses appropriées.

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Lefaso.net : Comment se fait-il que durant neuf ans d’affilé, c’est vous qui tenez la classe du CM2 ? Vous êtes spécialiste du CM2 ? Les autres collègues refusent-ils ou ont-ils peur de tenir cette classe ?

K.K. : (Rires) Généralement, en début d’année, lors de la rencontre de rentrée, nous répartissons les classes entre collègues. Et comme mes collègues sont plus jeunes que moi dans le métier, je leur donne la latitude de choisir la classe que chacun souhaite tenir, ceci pour que chacun assume son choix. C’est ainsi que je me retrouve à tenir la classe qui reste à chaque fois, c’est-à-dire le CM2.

En plus de cela, les collègues qui font trois ou quatre ans dans cette école demandent à partir. Selon eux, le Noumbiel est dur. Pour moi, le Noumbiel n’est pas dur, c’est une partie du Burkina et chaque Burkinabè doit préserver son territoire. Celle qui me suit en ancienneté a cinq ans de service et les autres collègues en ont trois.

Lefaso.net : Quel était votre effectif de cette année, et quel a été votre plus grand effectif durant ces neuf ans ?

K.K. : Cette année j’avais 26 élèves et mon effectif le plus grand depuis ces neuf années était 38 élèves.

Le faso.net : Et quel soutien vos collègues vous apportent-ils ?

K.K. : Je disais plus haut que nous faisons régulièrement des examens blancs, et pour la circonstance, je demande à chaque collègue de proposer des sujets qui nous serviront de banque de sujets. En dehors de mes tâches pédagogiques, j’assure également des tâches administratives en tant que directeur. Et durant ces temps de flottement, ils occupent et surveillent mes élèves.

Je les remercie du fond du cœur parce que dans l’enseignement, seul on ne peut pas faire de résultats, et c’est parce que les autres classes sont bien tenues que le CM2 fait de bon résultats, donc ce succès est l’œuvre de toute l’équipe enseignante.

Lefaso.net : Quelles difficultés rencontrez-vous à l’école de Zinka ?

Les difficultés sont nombreuses. Mais essentiellement d’ordre matériel. En tant que directeur de cette école, mon vœu le plus cher, c’est de voir la normalisation de cette école. Nous avons trois salles de classes (CP1, CP2, CE1) sous abris précaires, c’est-à-dire des tentes. Avec la saison pluvieuse, à la rentrée, ces tentes seront en lambeaux et c’est ainsi à chaque début d’année.

Les enseignants et les élèves qui y travaillent souffrent énormément et sont exposés à tous types d’intempéries. Je demande aux bonnes volontés de nous aider à avoir ces trois salles de classes afin que nos élèves et mes collègues travaillent dans de bonnes conditions pour maintenir cette régularité dans le travail. Si l’école de Zinka a pu être normalisée, j’aurai le sommeil tranquille.

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Lefaso.net : Quel est le regard des autres collègues sur vos résultats constants ?

K.K. : Quand on est ensemble, ce sont des encouragements, des félicitations et ça fait plaisir. On garde les pieds sur terre et le travail continue. Ce n’est pas les résultats individuels qui m’intéressent, mais les résultats de toute la circonscription. Si le résultat d’ensemble est bon, moi je suis satisfait.

Lefaso.net : Cette année scolaire a été beaucoup perturbée par des mouvements exigeant la revalorisation de la fonction enseignante. Quel message avez-vous à l’endroit des autorités éducatives de ce pays pour qu’ils perçoivent la nécessité de revaloriser ce corps ?

K.K. : Comme on a l’habitude de le dire, c’est un métier noble. Je l’exerce avec toute ma fierté. Quoiqu’on dise, un pays où l’éducation n’est pas une priorité, je n’appellerai pas ce pays un pays. Les autorités doivent avoir un regard particulier sur l’éducation.Un homme qui n’est pas motivé ne peut pas donner satisfaction surtout dans le domaine de l’éducation.

Le faso.net : Quels conseils pouvez-vous donner à vos collègues qui se laissent aller au découragement face aux difficultés que le monde enseignant vit de façon générale ?

K.K. : C’est de leur dire de continuer à se battre. Le métier n’est pas facile. Si on veut bien l’exercer, il faut d’abord assurer sa part de contrat avant de revendiquer. Et la plus grande richesse d’un homme, ce sont ses enfants et lorsque quelqu’un vous confie son enfant, vous avez le devoir d’en faire un homme de demain.

Lefaso.net : Durant ces années de succès, quelles récompenses avez-vous reçues ?

K.K. : J’ai bénéficié d’attestations de reconnaissance, de documents pédagogiques, de sacs en cuir offerts par Plan Gaoua (Organisation non-gouvernementale, ndlr). Mais pour moi, la reconnaissance ne se réclame pas. Quand on jugera de l’opportunité de me récompenser, ils le feront. Le fait de voir mes élèves réussir à leur examen, et certains de mes anciens élèves dans la Fonction publique comme moi, cela me réjouit, parce que planter un arbre et cueillir ses fruits, il n’y a rien de tel.

Entretien réalisé par Boubacar Tarnagda
Lefaso.net

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