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Lutte contre le chômage : De la promotion de l’entrepreneuriat dans le système éducatif burkinabè

vendredi 17 février 2017, par Pascal YE

Ceci est une tribune de Alfred Bewindin SAWADOGO, membre du Mouvement de Réflexion sur les Opportunités de Développement du Burkina Faso (MROD/BF).

Plus de la moitié de la population burkinabè est jeune. Sur le site www.abcburkina.net, les statistiques estiment à 50% le pourcentage de burkinabè âgés de moins de 16 ans, et à 24% ceux dont l’âge est compris entre 16 et 30 ans ; ce qui revient à 74 % le pourcentage de jeunes de moins de 30 ans dans notre pays. Une telle situation peut s’avérer être une opportunité pour le développement du pays, tout comme elle peut présenter moult challenges.

Le défi majeur relatif au caractère juvénile de la population burkinabè est celui de l’emploi. Scolarisé ou non, à un certain moment de sa vie, le jeune aspire à s’insérer professionnellement. Malheureusement, dans l’état actuel des choses, il n’est pas toujours aisé pour les jeunes burkinabè de trouver de l’emploi à cause de plusieurs raisons conjuguées, allant de l’inadéquation de certaines formations au regard des besoins du marché à l’insuffisance relative des projets ou programmes incitant à la création d’emploi. Le taux de chômage s’en trouve alors assez élevé. Quelles actions entreprendre ou quelles initiatives lancer afin de permettre aux élèves et étudiants de ne pas croupir dans le chômage à la fin de leur cursus ? C’est une question digne d’intérêt.

Les principaux pourvoyeurs d’emplois dans un pays sont d’une part le secteur public, et d’autre part le secteur privé. Au Burkina Faso, comme dans nombre de pays africains, l’Etat, malgré toute sa bonne volonté, n’arrive pas à embaucher « tout le monde », la fonction publique étant de plus en plus saturée. Il va sans dire que c’est dans le secteur privé que la plupart des jeunes devront se faire une place. Le rôle de l’Etat, dans ce cas, est d’encourager l’initiative privée, en plus de créer les conditions pour permettre la survie et le développement de ces entreprises privées. Il s’agira entre autres de faciliter les démarches pour la création d’entreprise, d’avoir un environnement juridique favorable aux affaires, de renforcer les capacités des structures d’accompagnement technique et financier des jeunes désireux d’entreprendre.

Personnellement, je vais plutôt m’appesantir sur un point qui vient avant toutes les actions déjà citées, celui de l’enracinement du sens de l’initiative personnel chez les élèves et étudiants.

Ma vision est que l’entrepreneuriat, sans être la panacée, est un levier indispensable à actionner pour résorber le problème du chômage. A ce tire donc, l’entrepreneuriat doit être promu par tous les voies et moyens. Promouvoir l’entrepreneuriat commence d’abord par faire cultiver chez les plus jeunes le goût d’entreprendre, d’avoir la mentalité entrepreneuriale. Cela est d’autant plus important qu’entreprendre c’est avant tout un état d’esprit, une mentalité. Concrètement, je nourris l’idée d’introduction d’une matière appelée « Initiation à l’entrepreneuriat » à partir de la classe de 6e (beaucoup de personnes ont déjà pensé à cette option, d’autres l’ont déjà même abordée dans leurs écrits, mais je reviens là-dessus car la répétition dans ce cas est plus que pédagogique, elle s’avère indispensable).

Tout comme l’instruction civique est importante et enseignée à l’école primaire, l’initiation à l’entrepreneuriat doit commencer tôt. En effet, l’esprit entrepreneurial ne peut se former du jour au lendemain, comme par coup de baguette magique. Il se forme progressivement dès l’étape de l’adolescence. Comme le disait si bien l’illustre ancien président sud-africain Nelson Mandela, « l’éducation est l’arme la plus puissante que nous pouvons utiliser pour changer la société ». Les jeunes esprits sont les plus réceptifs et ceux qui intègrent plus facilement les changements. La mentalité actuelle en Afrique, particulièrement au Burkina Faso, faut-il le reconnaitre, n’est pas pour le moment tournée vers l’auto-emploi.

La preuve en est que beaucoup d’entre nous sommes allés à l’école afin de sortir avec un « grand » diplôme et devenir un cadre dans la fonction publique. Compte tenu de cette mentalité fortement ancrée dans la société, il n’est pas étonnant, au stade actuel, que presque tous les jeunes burkinabè cherchant de l’emploi, se bousculent devant les portes des concours d’entrée à la fonction publique pendant que les opportunités d’auto-emploi, pourtant combien considérables, ne sont même pas suffisamment explorées.

C‘est l’un des véritables problèmes qui alimentent le chômage au Burkina. On peut toujours évoquer les questions de formation professionnelle, de financement et autres, mais le premier obstacle est lié à la mentalité actuelle. Cette dernière est telle que les jeunes pensent peu aux initiatives personnelles, préférant demander de l’emploi que d’être créateurs d’emploi. On ne peut pas non plus blâmer cette jeunesse car elle a été conditionnée par le milieu ambiant à réfléchir « fonction publique » au lieu de penser entrepreneuriat. Mais fort heureusement, la tendance peut être renversée.

L’enseignement de l’entrepreneuriat dès le collège a pour but d’éveiller chez les adolescents un goût pour l’initiative privée. L’adolescent doit découvrir, tôt, que la fonction publique n’est pas la seule alternative pour s’intégrer dans le monde professionnel. En lui parlant d’entrepreneuriat, comme on lui parle des mathématiques et de la littérature, on suscitera en lui sans doute une curiosité par rapport au monde entrepreneurial. La matière « Initiation à l’entrepreneuriat » ne consistera pas seulement en des définitions des termes clés, mais, il s’agira surtout pour le professeur de faire découvrir, peu à peu, le monde entrepreneurial aux jeunes. La plupart du temps, la crainte de l’entrepreneuriat ainsi que la réticence à s’y essayer sont liées à la méconnaissance du domaine et de tout ce qui y est rattaché.

C’est pourquoi l’enseignant devra s’efforcer de présenter l’entrepreneuriat tel qu’il est véritablement : au-delà de l’aspect risque, c’est une voie royale par laquelle l’individu peut se réaliser et apporter une pierre au développement de son pays. En injectant donc le goût d’entreprendre dans les veines de la nouvelle génération dès maintenant nous assisterons dans une vingtaine d’années à une montée fulgurante d’une génération d’entrepreneurs qui vont impacter durablement l’Afrique et même au-delà. Les professeurs qui seront chargés de dispenser cette nouvelle matière « initiation à l’entrepreneuriat », devront être recrutés et former de façon efficiente par des coaches, psychologues et entrepreneurs. Cela afin qu’ils puissent à même de remplir avec compétence et satisfaction la tâche combien déterminante mais noble qui les attend.

En plus de l’introduction de l’enseignement de l’entrepreneuriat dans le programme scolaire, on devra procéder à la mise en place de structures dont le rôle sera toujours de renforcer la formation de l’esprit entrepreneurial chez les élèves : les cellules entrepreneuriales.

La cellule entrepreneuriale va concerner le second cycle (de la seconde à la terminale). Elle est un groupement d’élèves, ayant à sa tête un bureau, qui va coordonner ses activités. Les cours d’entrepreneuriat ayant l’air plus ou moins théorique, la cellule entrepreneuriale sera la composante pratique. Mise en place dans les lycées, les cellules disposeront d’un fonds spécial, remis à l’administration, en vue de mener ses activités. Il s’agira pour la cellule entrepreneuriale d’effectuer des visites-terrains : Aller d’une part à la découverte des opportunités ou potentialités exploitables, d’autre part discuter avec des entrepreneurs – de leur localité ou d’une ville voisine- afin de s’enrichir de leur expérience. Par exemple, les élèves de la ville de Tenkodogo, chef-lieu de la région du centre-Est peuvent effectuer une visite à Bagré, qui regorge d’un potentiel énorme favorable à l’entrepreneuriat agricole.

Un rendez-vous peut être pris, par ailleurs, avec des agro businessmen déjà établis pour permettre aux élèves de poser des questions en vue d’en apprendre plus. De même, les élèves des localités environnantes de la vallée agricole du Sourou, peuvent y faire une sortie pour toucher du doigt la réalité, sous la direction d’un professeur d’initiation à l’entrepreneuriat. Les pôles de développement de Bagré et du Sourou ne sont que des exemples parmi tant d’autres. Indéniablement, le Burkina est un pays où les potentialités sont énormes. Du reste, il est reconnu en psychologie que les adolescents apprennent en s’amusant. C’est une de leurs spécificités. Ainsi au début, les activités de la cellule peuvent sembler des moments de divertissement- les sorties et autres- mais indéniablement la fibre entrepreneuriale sera en train de se tisser dans la mentalité de ces jeunes gens. Etant semée, la graine du goût pour l’initiative entrepreneuriale ne pourra que germer et porter du fruit pour le bonheur de la nation entière.

Alfred Bewindin SAWADOGO,
Membre du mouvement international MROD/BF
Mouvement de Réflexion sur les Opportunités de Développement du Burkina Faso, mrodbf.international@gmail.com

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